Habiter des non-lieux entre l’amarrage et la déshérence. De déclassement en crise intime, Zhao filme la fabrique de l’errance et sa lumière. D’un récit classique de road movie , Zhao fait une œuvre plus contemplative que politique même si le fond concerne la crise économique , la récession , les exclus , laissés pour compte d’une société américaine déshumanisée. C’est une histoire de deuil et de reconstruction avec un personnage féminin intéressant mais complexe dans son cheminement qui de saisons en saisons, d’Etats en Etats tisse des relations fortes avec d’autres « nomades » et accidentés de la vie, et s’en détache. C’est aussi une réflexion sur ces nouveaux migrants dont le statut est lié à la crise économique. Alors exil ou errance ? L’absence d’un lieu dans le monde, des ruptures, des sentiments d’exclusion et/ou de distanciation par rapport à la société dominante. L’exil est une situation de rupture radicale de la place de quelqu’un dans la société, une rupture de la vie quotidienne , une rupture des statuts et des rôles sociaux habituels, c’est perdre son lieu dans le monde. Des ruptures de l’existence qui peuvent conduire à l’errance. La définition de l’errance est complexe et ne peut pas se limiter à la question de l’absence d’un domicile fixe : l’errance peut se définir en général comme le déplacement indéfini ou provisoire, un déplacement constant, une mobilité continue dans un temps plus ou moins continu, sur un ou plusieurs territoires. Dans le personnage du film c'est la nécessité d’un processus de deuil , un cheminement personnel pour continuer à vivre et c’est ainsi qu’elle le fait, dans un mode de vie alternatif où elle rencontre solidarité et bienveillance.