Cet excellent film d'Henri Decoin combine habilement intrigue policière et intrigue psychologique, de telle façon qu'il n'est pas sans rappeler l'univers particulier de Simenon. Michel Simon y incarne un personnage singulier et intéressant.
Le docteur Ancelin est un homme méprisé et complexé qui régulièrement s'abandonne dans la boisson. A la faveur, si l'on peut dire, d'un accident, il se découvre, ou prétend se découvrir, le talent d'un génie du crime. Ainsi, un soir d'ivresse, Ancelin cause un accident mortel et s'applique, avec lucidité, à détruire les preuves de sa responsabilité, en artiste du meurtre parfait qu'il se croit.
Il est bientôt un fier serial killer prenant sa revanche sociale sur sa vie de pauvre type.
La dimension psychologique où s'affirme progressivement la mégalomanie d'Ancelin, sans masquer totalement sa faiblesse, donne au personnage de Michel Simon, par ailleurs excellent, une véritable envergure. De même, l'intrigue policière, qui fleure bon le fait divers provincial à la Claude Chabrol ou à la Clouzot, et en dépit que le dénouement peut sembler peu crédible ou complaisant, est d'un intérêt constant.