Quand elle apprend l'infidélité de son mari,Lena plaque tout,époux,appartement,son boulot d'anesthésiste,et se barre avec ses deux enfants.Mais elle a du mal à gérer et s'occupe à faire chier ses proches,qu'elle passe son temps à attirer puis repousser.Lena déprime,pleure souvent,s'engueule beaucoup avec tout le monde et inquiète énormément son entourage,qu'il s'agisse de ses parents,sa soeur,son frère,son ex,ses enfants ou son potentiel futur amant.Christophe Honoré est vraiment une tache.Il adapte ici un roman de Geneviève Brisac,avec qui il coécrit le scénario,mais on retrouve sa thématique habituelle,celle du psychodrame sur fond de dysfonctionnement familial en République Pseudodémocratique de Boboland.Formellement,il fait dans le délayage,étirant démesurément et compliquant abondamment une histoire au fond très simplette et ordinaire."La vie c'est n'importe quoi quand on fait n'importe quoi" dit Nigel,l'ex-mari.C'est juste,et ça s'applique à merveille au cinéma d'Honoré.La longue et ridicule séquence de folklore breton,qui déboule au milieu du film comme un cheveu dans le kouign amman,est éloquente à cet égard.Nous sommes donc baladés entre la Bretagne et Paris,au gré des errances de l'imbuvable héroïne et de ses chouignements continuels.La plupart des dialogues sont pompeux,les personnages s'exprimant comme dans un livre,genre sous-Godard dégénéré,et les pauvres Jean-Marc Barr et Marcial Di Fonzo Bo ne s'en remettent pas et semblent exécuter une lecture pour un club du troisième âge.Au son de l'horripilante musique d'Alex Beaupain,nous devons subir les jérémiades de Lena,mais aussi des autres membres de sa famille.Car la vie,quelle découverte,c'est pas rose tous les jours.Ceci dit,probablement sans s'en rendre compte,Honoré dresse un portrait assez acide de la bobosphère.Les filles sont des emmerdeuses patentées complètement névrosées et accros au tabac,c'est pas bien,les hommes des chiffes molles totalement émasculées,tandis que pris dans cette mélasse les enfants grandissent trop vite et se montrent plus raisonnables que les adultes.Et puis c'est contradictoire,cette affaire d'adultère.Lena,fille moderne,progressiste et tout,pète les plombs parce que son mec a baisé ailleurs.Mais ma pauvre dame,c'est ringard,la fidélité.C'est réac,patriarcal,rétrograde,ça rappelle les heures les plus sombres!Et la libération sexuelle,on en fait quoi,du coup?On subodore parfois le second degré,mais le réalisateur n'a pas une réputation de rigolo.Heureusement que certains acteurs,héroïques dans la tourmente,se dépatouillent au mieux de leurs déplorables rôles.A commencer par Chiara Mastroianni,juste et bien roulée,qui parvient à rendre un minimum supportable l'exaspérante Lena.Marina Foïs est diablement efficace en soeur complice et cash,ainsi que Fred Ulysse en père grognon.Marie-Christine Barrault assure en mère pénible et intrusive,dommage qu'elle ait pris 150 kilos.Elle ne faisait pas des pubs pour des produits de régime,à une époque?Ca n'a pas l'air de marcher.Louis Garrel,l'acteur fétiche d'Honoré,apparait dans son emploi officiel de séducteur nonchalant,alors que les enfants,Donatien Suner et surtout la petite Lou Pasquerault,sont très bien.Pour finir,notons que les bobos gauchos n'hésitent pas à user des vieilles méthodes ancestrales telles que le népotisme,ce qui nous vaut le plaisir d'apprécier le talent de Julien Honoré,le petit frère de Christophe,ce qui est dit sans trop d'ironie car le garçon est effectivement excellent comédien.