Troisième film de l'ancien acteur et humoriste Jordan Peele, qui s'est imposé depuis "Get Out" comme l’un des espoirs de l'elevated horror.
Si "Us" avait divisé le public par ses incohérences et maladresses de scénario, "Nope" représente son film le plus ambitieux et le plus impressionnant. Un blockbuster horrifique qui se détache plastiquement de ses derniers films et invoque les premiers films de Steven Spielberg : "Les dents de la mer", "Duel" etc. L'homme face à une créature sauvage qu'il cherche tour à tour à attirer, à maîtriser et enfin à utiliser à des fins commerciales. Tiens, cela me rappelle la célèbre réplique de Ian Malcolm, qui parlait déjà en 1993 de la dangerosité d'emprisonner et de domestiquer la nature.
À travers un singe acteur de sitcom, des chevaux dressés pour le cinéma et enfin notre créature extraterrestre, Jordan Peele nous rappelle que la tentative de maîtrise est une illusion et qu'inévitablement cela conduira à une fin tragique pour l'animal qui se rebelle.
Le réalisateur nous parle également de cinéma, en injectant des clins d'oeils aux westerns, aux documentaires et remonte ainsi le temps jusqu’à reproduire le premier clip de l'histoire : Le jockey noir sur un cheval immortalisé par Eadweard Muybridge. Dans un ultime "pay off", la toute dernière scène nous invite à laisse tomber la caméra pour revenir à son ancêtre, la photographie. Une succession de photos capturant le ciel où une créature sauvage s'apprête à bondir sur sa proie invoquant cette fois-ci le documentaire animalier.
La recherche du plan parfait est au centre du film. Les deux personnages deviennent les chefs d'orchestre d'une mise en scène rassemblant tous les corps de métier du cinéma afin de capturer l’image parfaite. Ils changent ainsi de statut en passant derrière la caméra.