C'aura été rapide! Bien plus que chez d'autres.


Après Ridley Scott et Peter Jackson, Jordan Peele, auréolé d'une toute nouvelle crédibilité, se retrouve avec les coudées franches pour faire ce qu'il veut, et, donc, se masturber en public (sans faire de maths). Il est amusant de constater que c'est trop souvent une denisvilleneuvisation, c'est-à-dire faire un film à partir d'éléments cools qu'on veut absolument montrer à l'écran, et tant pis pour les personnages attachants ou l'histoire intéressante.


C'est donc Daniel Kaluuya (que j'avais trouvé super dans Get Out) qui s'abstient de jouer et Keke Palmer qui en fait dix fois trop qui reprennent le ranch de leur père après sa mort (causée, on le comprendra plus tard par l'OVNI lui-même). Sauf que justement y a un OVNI qui les surveille et qui joue les aspirateurs Dyson (oui, il est sans fil), du coup, ils se disent qu'ils pourront se faire du fric en le filmant. Ce à quoi ils parviennent juste avant de le faire exploser à l'aide d'un ballon de baudruche en forme de cow-boy. Voilà.


Alors évidemment, y a Steven Yeun (que j'ai trouvé juste, mais que le scénario a décidé de sortir à mi-projection) qui campe un personnage intéressant avec une backstory à la limite tétanisante, mais il n'a sur l'histoire pas plus d'influence qu'un figurant monoréplique. D'ailleurs, tout le monde, en dehors des deux héros, n'a strictement aucune influence sur l'histoire, se contentant de constituer autant de gueules et de personnages cools (mention spéciale à Michael Wincott qui esquisse un personnage oscillant entre le caricatural et le crédible, mais toujours méchamment cool et charismatique).


Thématiquement, j'y ai surtout perçu un jeu de mise en abyme du principe de prédation, l'OVNI-alien-chapeau de cowboy-barnum-voilier futuriste étant présenté comme un prédateur destructeur inarrêtable se considérant chez lui. Oh oh oh, s'agirait-il d'une sorte d'allégorie de l'humain prédateur? SPOILER: Peele n'en fait rien. Pas plus qu'il ne fait quoique ce soit des autres thématiques, comme le regard comme prédation (regard du cinéaste/vidéaste sur son sujet, regard du public - littéralement absent du métrage - sur le cinéaste/vidéaste), la tension entre les communautés noire et coréenne aux USA (sujet dont j'ignorais l'existence jusqu'à lire des commentaires autour du film)... Ah, si, évidemment, c'est truffé de références au cinoche (pour faire meta-?), notamment au Western, jusqu'à un final qui a manqué de me faire mourir étouffé dans mon café, où Peele convoque le lieu commun le plus tarte-à-la-crème du film d'action.


Pareil, pourquoi introduire le personnage campé par Steven Yeun, intéressant s'il en est grâce à son histoire avec le chimpanzé, pour l'exploiter si peu? En effet, il dirige une attraction (dans un parc sur le thème du western) au cours de laquelle il invoque l'OVNI en lui faisant une offrande. Ca soulève un tas de questions (depuis quand? Est-ce que ça marche à chaque fois? Jusqu'où est-ce connu? Pourquoi est-ce que les gens semblent découvrir ça alors que la nouvelle a pu se propager de manière virale sur les réseaux sociaux?) laissées sans réponse.


Alors, non, évidemment, tout n'est pas foiré, il y a même des tas de trucs coolissimes, et, notamment, ces personnages secondaires, le cow-boy arnaqueur traumatisé (Yeun), le reporter naturaliste avec un ego comme l'Etoile Noire (Wincott) et le vendeur de chez Darty, le design de la gloumoute, clivant mais que j'ai trouvé novateur et pas inintéressant, des photos et des éclairages particulièrement réussis.


Mais, franchement, tout ça pour ça?


Nope.

Cafe-Clope
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le 8 janv. 2024

Critique lue 20 fois

Cafe-Clope

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