Une rencontre du troisième type dissèque la suprématie de l'image-spectacle. Vecteur de fascination et d’effroi, le regard devient dévorant. Saisir les images sur le vif pour en démontrer leur véracité ou chercher à en faire une aubaine mercantile au point même d’appauvrir l’imaginaire ? Jordan Peele interroge autant les dangers de notre fascination pour les images (produit de nos pulsions scopiques, ce fétichisme visuel qui concerne le regard - à la fois le regarder et le voir- que la notion de spectacle, ses outrances et dérives. A travers un recours à des flash-back inquiétants, à des plans énigmatiques, à des sensations de flottement, il entretient le suspense (notamment avec des ellipses temporelles…) un curieux découpage en chapitres, et nous fait passer par toutes sortes de sentiments (inquiétante étrangeté, angoisse, et peur, puis une sorte de libération…) Ce film qui autopsie notre addiction aux images nous entraîne dans une réflexion sur le monde des images, donc bien sûr aussi sur l’industrie du cinéma. Sans oublier ce retour du refoulé sur la manière dont la population noire a été considérée en Amérique, à travers l’évocation d’un pionnier du cinéma, Eadweard Muybridge et son film d’animation ( un cheval en mouvement et son cavalier noir, mais dont le nom est resté inconnu, à l’époque. ) Parmi les défauts : il est un peu trop lent à démarrer avant de rentrer dans le jeu de pistes que donne le réalisateur (une des erreurs principales est d’avoir donné une représentation visuelle au lieu de rester dans la suggestion )