Réalisateur de l'excellent Poissonsexe, Olivier Babinet revient à un récit moins décalé, malgré de louables efforts d'imagination, avec Normale. Le film essaie de s'extraire des habituels récits consacrés à l'adolescence, aux multiples clichés, avec une héroïne à la double vie : à l'école, marginalisée de par son apparence physique et son manque de sociabilité ; à la maison, avec un père malade qu'elle doit materner. Cette chronique tente d'insuffler de la fantaisie pour éviter la pesanteur de la tragédie mais n'y parvient que rarement, se contentant d'une mise en scène sans véritable éclat et d'un scénario qui évolue trop scolairement entre tendresse, naïveté et fantasmagorie. Malgré sa bonne volonté, Normale manque de poésie et d'originalité, avec une voix off très présente et le recours à des illustrations musicales qui n'arrivent pas à transcender un traitement somme toute attendu, voire répétitif. Ce n'est qu'une impression mais Benoït Poelvoorde semble assez peu investi, dans un rôle il est vrai particulièrement ingrat. En revanche, la prestation de Justine Lacroix a le mérite de donner quelques couleurs à un film dans lequel le réalisateur semble quelque peu bridé par son cahier des charges, celui de l'adaptation de la pièce de théâtre intitulée Le monstre du couloir.