Northern Limit Line (2015) - 연평해전 / 130 min
Titre littéral : La bataille de Yeonpyeong.
Réalisateur : Kim Hak-Soon - 김학순
Acteurs principaux : Kim Moo-Yul - 김무열 ; Jin Goo - 진구 ;
Mots-clefs : Corée ; Guerre ; Maritime ; Histoire vraie.
Le pitch :
Le 29 juin 2002, en pleine coupe du monde de football, le patrouilleur sud-coréen PKM-357 tombe dans une embuscade à la frontière maritime entre Corée du Sud et Corée du Nord. Récit de l'accrochage récent entre les navires de guerre des deux Corée.
Premières impressions :
Ce qui est ennuyeux avec les films de guerre qui relatent des faits récents, c'est qu'on ne sait jamais trop jusqu'à quel point les gouvernements vont profiter du succès en surfant sur le fameux "devoir de mémoire". C'est encore plus problématique quand il s'agit d'un pays comme la Corée du Sud, toujours en guerre avec son voisin du Nord, et qui a tout intérêt tant militairement que politiquement à faire de la bonne vieille propagande en usant des grosses ficelles larmoyantes bien connues. Et pourtant, Northern Limit Line est un film qui m'a ému.
Je dois expliquer que j'ai une relation un peu particulière avec ce film. Lors de mon voyage à Séoul en Août 2014, j'avais visité le patrouilleur PKM-357 au War Memorial of Korea. Les nombreux impacts de balles sur l'épave m'avaient laissé à imaginer l'enfer des soldats Sud-Coréen. Je suis monté sur cette passerelle, je suis entré dans le poste de pilotage, j'ai apposé mes mains sur la barre. Les différents panneaux m'informaient de qui avait été blessé ou tué ici et là. Les haut-parleurs diffusaient le bruit de combats violents. Il y avait quelque chose d'indécent dans la façon d'utiliser ce tombeau en installant un cinéma 3D et en exposant, dans la soute même du navire, les effets personnels des soldats décédés. Entre souvenir et propagande, la ligne était franchie.
Northern Limit Line, est un film de guerre qui vous laisse vous attacher aux personnages avant l'irrémédiable puis qui, à l'instar d'un Band of Brothers, présente le témoignage de ceux qui s'en sont sortis. Pire, le réalisateur nous montre les images d'archives des inhumations. Fallait-il montrer la peine de ces parents qui enterrent leurs fils ? Pour autant, le film ne passe pas sous silence les erreurs militaires et politiques du commandement Sud-Coréen. Des gamins sont morts en grande partie parce qu'il fallait préserver l'image du Sud, parce qu'il était hors de question de tirer un coup de semonce pendant la Coupe du Monde 2002. Pour ne pas être l'agresseur, une seule solution : ne pas tirer le premier, en aucune circonstance.
Le film est-il une reconstitution fidèle ? Probablement pas. Il y a trop de questions diplomatiques en jeu. Est-il un bon film de guerre ? Oui, assurément, parce que l'image est époustouflante, parce que la peine montrée est réelle et que les acteurs sont dans les standards du genre. Bien sûr, le film est éminemment patriotique, mais le réalisateur a l'intelligence d'utiliser la Coupe du Monde pour cela, ce qui nous évite le discours habituel sur la gloire d'aller crever le fusil à la main et le cigare aux lèvres. Il reste que ce film est parfait pour rappeler à tous que le pays est toujours en guerre, qu'il y a eu des morts martyrs récemment et qu'il ne faudrait pas se tromper au moment de mettre son bulletin dans l'urne.
Pour conclure, je pense que les amateurs du genre y trouveront leur bonheur mais il me semblait important de vous interpeler sur le contexte.