L'exemple type du film d'auteur intello intéressant sur le papier mais désespérément chiant à l'écra

Mike Mills nous présente certainement son film le moins réussi et surtout le plus rébarbatif. Il fait partie de ce que l’on pourrait appeler la nouvelle vague du cinéma indépendant américain avec d’autres artistes new-yorkais ou de Los Angeles tels que Noah Baumbach ou Greta Gerwig. Tous ont réussi de bons films, certains cultes même comme « Marriage Story », mais ils nous ont aussi délivré de vraies purges prétentieuses, surcotées, intello, se regardant le nombril qui plaisent juste à une élite bien ciblée et à certaines cérémonies de récompenses. Disons-le donc d’emblée : « Nos âmes d’enfants » n’est pas aussi réussi que « Beginners » ou même « 20th Century Women », ses précédentes œuvres. Il est même mauvais et terriblement chiant.


Sur le papier, ce mélange de récit d’apprentissage, de duo enfant-adulte à priori désaccordé et ce thème de l’avenir vu par la jeunesse pouvait accoucher d’un grand film. Mais c’est l’exemple même de traitement à la sauce auteuriste et maniérée qui va empêcher « Nos âmes d’enfants » d’être le beau film qu’il aurait éventuellement pu être. Le transfert de l’écrit à l’écran accouche d’un pensum de près de deux heures, certes joli sous tous rapports, mais vraiment ennuyant et interminable. Le choix du noir et blanc ici ne s’imposait vraiment pas et ajoute encore à cette impression d’objet arty opaque et peu avenant qui se la joue. La musique, entre notes classiques et musique d’ambiance bohême qui nous ferait presque croire qu’on est chez Nature et découvertes, n’arrange rien à la torpeur qui gagne le spectateur plus le film déroule ses bobines. On attend que le long-métrage prenne son envol et parvienne un tant soit peu à nous captiver. Ce qui n’arrivera malheureusement jamais.


On pourrait se rabattre sur les acteurs pour se consoler. Alors certes Joaquin Phoenix fait le boulot et reste bon, même dans un film moyen ou raté. Bravo à lui! Le jeune Woody Norman ne démérite pas non plus. Mais leurs longues logorrhées verbales à base d’aphorismes, de poésie ou de banalités sur la vie, nous anesthésie plutôt qu’autre chose. On se rabat sur quelques jolies séquences éparses, quelques moments en apesanteur et ces plans assez réussis sur les villes visitées par les personnages, de Détroit à Los Angeles et de New York à La Nouvelle-Orléans. Au final, ce qui s’avère le plus réussi dans cet objet indépendant et hermétique, ce sont les interviews de jeunes enfants sur leur vision de l’avenir, ce qui aurait pu faire un joli documentaire. Sinon, passez votre chemin.


Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.

JorikVesperhaven
4

Créée

le 30 nov. 2021

Critique lue 2.1K fois

36 j'aime

Rémy Fiers

Écrit par

Critique lue 2.1K fois

36

D'autres avis sur Nos âmes d'enfants

Nos âmes d'enfants
JorikVesperhaven
4

L'exemple type du film d'auteur intello intéressant sur le papier mais désespérément chiant à l'écra

Mike Mills nous présente certainement son film le moins réussi et surtout le plus rébarbatif. Il fait partie de ce que l’on pourrait appeler la nouvelle vague du cinéma indépendant américain avec...

le 30 nov. 2021

36 j'aime

Nos âmes d'enfants
NickMira
3

L'impression de voir une pub Apple de 2h

Nos âmes d'enfants, 4ème long métrage de Mike Mills, faisait suite aux excellents Beginners et 20th Century Women. Le film se plaçait avec une ambition : réinventer la narration d'une relation entre...

le 8 déc. 2021

13 j'aime

Nos âmes d'enfants
augustemars
9

C'mon ! C'mon ! C'mon !

Nos âmes d'enfants (C'mon C'mon pour le titre original) est le premier film sorti en France en 2022 que je vois (il est sorti aux USA en 2021), et autant dire que l'année cinématographique commence à...

le 30 janv. 2022

11 j'aime

4

Du même critique

Les Animaux fantastiques - Les Crimes de Grindelwald
JorikVesperhaven
5

Formellement irréprochable, une suite confuse qui nous perd à force de sous-intrigues inachevées.

Le premier épisode était une franchement bonne surprise qui étendait l’univers du sorcier à lunettes avec intelligence et de manière plutôt jubilatoire. Une espèce de grand huit plein de nouveautés,...

le 15 nov. 2018

93 j'aime

10

TÁR
JorikVesperhaven
4

Tartare d'auteur.

Si ce n’est une Cate Blanchett au-delà de toute critique et encore une fois impressionnante et monstrueuse de talent - en somme parfaite - c’est peu dire que ce film très attendu et prétendant à de...

le 27 oct. 2022

91 j'aime

12

First Man - Le Premier Homme sur la Lune
JorikVesperhaven
4

Chazelle se loupe avec cette évocation froide et ennuyeuse d'où ne surnage aucune émotion.

On se sent toujours un peu bête lorsqu’on fait partie des seuls à ne pas avoir aimé un film jugé à la quasi unanimité excellent voire proche du chef-d’œuvre, et cela par les critiques comme par une...

le 18 oct. 2018

81 j'aime

11