Les héros de Wong Kar-wai naissent rarement sous une bonne étoile… Celui de Nos années sauvages n’échappe pas à la règle, et le réalisateur hongkongais a mis le paquet pour lui faire passer un sale moment.
Au premier abord antipathique, le personnage principal dans ses actes, ne fait rien pour se donner un coté sympathique. Typique des personnages de ce réalisateur, il se refuse à l’attachement, aime, n’ aime plus, tel une girouette sentimentale.
Lorsqu’on découvre son background, on comprend qu’il y a de quoi être misogyne, avec une mère adoptive qui lui révèle la vérité, mais refuse de lui révéler le nom de ses parents, qui a peur qu’il l’abandonne, mais qui fait tout pour… Ça vous rendrait torturé le gamin le plus équilibré !
Et comment faire pire ? En se faisant rejeter par sa mère biologique lorsqu’il la retrouve ! Aussi, sa fin tragique est une sorte de soulagement.
Tel un Lelouch asiatique, Wong Kar-wai fait s’entrecroiser les histoires et les personnages, jouant du hasard pour créer entre eux des liens fluctuants.
On retrouve déjà dans la mise en scène, cette façon de s’approcher des personnages, tout en créant cet effet de couloir, si propre à ses films. Si elle interpelle, sa mise en scène n’a pas encore atteint la magie et la frénésie que l’on retrouvera dans Les anges déchus.
C’est certainement un « grand » film, si ce terme à du sens. Une œuvre où les espoirs déçus succèdent à la désespérance. Mais plus que ce film, c’est la filmographie de Wong Kar-wai qui mérite d’être visitée.