Quand t’es jeune tu fais des conneries. C’est presque tribal, comme un rite de passage. Tu zappes cette case et tu te retrouves plus tard, à 50 piges, à courir la gueuse avec des costumes à coudières beige.
C’est dans les gènes de laisser parler son instinct, et de remettre en cause l’autorité.
Marco le héros d’un Français ne fait pas les choses à moitié. Il est jeune, aime le cochon et la baston, et les hachoirs biens affûtés.
Ses activités du samedi soir ? Coller pour le FN, boire des bières en tendant le bras droit, et casser du red. Nous sommes dans les années 80 et c’est le début du film. Le portrait d’une génération skinhead aux débuts de l’autre borgne.
Marco a une vie de merde : père alcoolo, HLM, mère effacée. Son identité elle se forme avec les identitaires… Pas le meilleurs choix de carrière.
Diastème pose sa caméra derrière son cul, et le suit pendant 30 ans. Il dépeint son évolution, du fascisme binaire à la maturité, qui peu à peu va l’éloigner des dérives de sa jeunesse, sans pour autant atteindre la rédemption.
Filmé caméra à l’épaule, le film se veut immersif, pour donner la mesure de la fachosphère, mais n’y arrive pas tout à fait.
Le réalisateur, qui est aussi journaliste, est bien documenté. Mais il lui manque d’avoir senti l’odeur du sang, à en imprégner ses acteurs. Des bastons il y en a, skinheads contre reds, contre punks, contre gauchistes, et même entre eux. Jusqu’à la gerbe, jusqu’à la trouille. Sauf que le film peine à retranscrire les angoisses de ces êtres en pleine errance. On y croit peu, on n’y arrive pas.
La direction d’acteur semble avoir été gérée à toute bringue, comme si le film avait manqué de temps pour concrétiser ses ambitions. Cela donne des scènes clichées, souvent trop plates. Jusqu’à la caricature, comme lorsque « Braguette », skin devenu escadron politique, débite un speech de campagne en reprenant à sa sauce des intonations sarkoziennes, faisant sortir du film le spectateur.
Les acteurs ne sont pas des fachos en puissance, et ça se sent dans leur façon de jouer. La réalisation n’aidant pas en sus, le jeu d’acteur. Diastème a fait le choix d’enchaîner les plans séquences, et n’a pas encore la maîtrise suffisante pour le faire.
Dommage, car certaines scènes sont pourtant cash, comme lorsque Diastème plante l’univers de Marco, dans un plan séquence glauque, qui en deux trois minutes fixe simplement l’ampleur de sa désespérance.
Avec les mêmes moyens, Mathieu Kassovitz dépeignait dans La Haine la génération cité, dans une sarabande immersive qui prenait aux tripes, jouant de la proximité pour enfermer le spectateur dans le film. Diastème essaye de faire de même, mais sans la même réussite.
Film polémique, très politique, Un Français avait de grandes ambitions, mais échoue a réellement dépeindre ce qu’il voulait. On comprend le propos, mais on y croit peu, faute d’acteurs convaincants. Historiquement tout est bien référencé, mais comme une dépêche AFP, ça manque d’émotion.