(Attention spoilers)

Nos Étoiles Contraires était sûrement le film que j'attendais le plus cet été. J'ai adoré et dévoré le bouquin, qui malgré un style assez simple voir pauvre, racontait une histoire réaliste, originale et touchante sur le cancer. À peine avais-je lu les vingt cinq premières pages que je me disais déjà : "Quel film ça ferait !". J'étais donc bien partie pour adorer le film autant que j'avais adoré le livre, d'autant plus qu'étant une jeune fille de quatorze ans, je faisais partie du public visé. (En plus, il m'arrive de tomber follement amoureuse de certaines comédies romantiques, plus que raison d'ailleurs, des films relativement niais mais tellement attachants comme Moulin Rouge ou Love Actually).
Le problème, c'est que s'il y a un truc dont je me méfie, c'est justement les comédies romantiques ciblées pour adolescentes. Et c'est là que mon doux espoir que Nos Étoiles Contraires devienne un des meilleurs films de cette année 2014 s'est envolé.

Les personnes n'ayant pas lu le livre ne se rendront sûrement compte de rien. Que je vous explique : dans le livre, même si la relation entre Hazel et Gus est particulièrement importante, une multitude d'autres thèmes sont abordés. Le cancer y est expliqué en long, en large et en travers, la lecture prend une place primordiale dans leur relation, et encore plus important, Peter Van Houten et Isaac sont des personnages capitaux qui font avancer et évoluer nos deux héros autant dans leur relation amoureuse que dans leur caractère. Or, de tout ce qui faisait la merveille du livre, on n'en retrouve rien dans le film. Celui-ci n'aborde que la relation entre Hazel et Gus, si bien que j'en ai presque oublié qu'Hazel avait les poumons quasiment morts et que Gus avait une jambe en moins. Le pire est selon moi la place ridicule qu'occupe dans ce film. N'oublions pas qu'à la base c'est une histoire sur le cancer et non une histoire d'amour. On entend jamais de termes médicaux, ou ridiculement peu (attention nous risquerions de perdre notre public visé) au profit de phrases trop mignonnes prononcées par un personnage en pleurs et que nous retrouverons bientôt sur toutes les photos de profil facebook. Autant dans le livre j'ai trouvé ces phrases ("Tu m'as offert une éternité dans un nombre de jours limités") sensibles et jolies, autant dans le film elles semblaient fades comme si les personnages n'y croyaient pas. Mais comprenez bien que le public visé est un public de jeunes filles en fleur ne cherchant pas une histoire barbante et déprimante sur une triste réalité mais plutôt une histoire d'amour impossible entre un garçon mon-dieu-il-est-trop-beau et une fille mon-dieu-elle-est-trop-belle. En fait, le cancer sert juste d'obstacle à l'éternité de leur amour, c'est un moyen habile qui permet de tuer l'un des deux zigotos et faire ainsi fondre en larmes tout le monde. Rien de plus.
Ensuite, l'hospitalisation d'Hazel est bouclée en dix minutes chronos, l'annonce du retour du cancer de Gus ne prend aucune ampleur, la visite chez Peter Van Houten semble n'avoir aucune conséquence chez les deux héros, celui-ci d'ailleurs n'a le droit qu'à deux malheureuses phrases quant à sa fille (pourtant il s'agit, je trouve, d'une des parties les plus intéressantes du récit), le personnage d'Isaac ne sert vraiment à rien… Tellement d'éléments gâchés.

Quand à la réalisation et à la photographie, elles sont à l'image du film, fades et sans grande originalité. Le jeu d'acteur est "passable" dans le sens où aucun d'eux ne sont vraiment du lot, si ce n'est la mère d'Hazel et peut-être Shailene Woodley à certains moments, même si elle campe une Hazel fadouille. Ansel Elgort est, d'après mon humble avis, un très mauvais choix tant il ne correspond pas au personnage de Gus. En revanche j'approuve totalement les choix de Nat Wolff et Willem Dafoe, et encore une fois, dommage que leurs personnages n'aient pas eu la place qu'ils méritaient.

J'ai bien conscience qu'avec cette critique je passe pour une allergique des adaptations cinématographiques, or, pour ma défense, ce n'est absolument pas le cas. En général je ne suis pas tatillonne pour un sou, mais là, ils ont ruiné l'âme d'un magnifique bouquin pour en faire un teen movie indigeste, donc c'est sans moi !
darkshines
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le 31 août 2014

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