Le dernier Gus Van Sant s'était fait descendre comme rarement un film se fait esquinter au Festival de Cannes 2015. Pour s'en remettre son distributeur français a changé son titre, et a attendu un an pour le sortir, espérant que le public ne fasse pas le rapprochement. De mon côté, je suis fan de Van Sant et même s'il n'a pas réussi tous ses films (Restless et Even the Cowgirls... sont même franchement mauvais), je ne le pensais pas capable de naufrage justifiant de tels quolibets que ceux reçus sur la Croisette. Je suis donc aller juger de moi-même, mais pas que, j'espérai vraiment voir un beau film, même malade, et soutenir et défendre Van Sant comme on le fait d'un vieux pote. Désolé, mais c'est strictement impossible. Je suis même parti en plein milieu de séance, j'ai du voir environ une heure de film, tant c'était insupportable, odieux même. En gros : un américain se rend dans la forêt des suicidés au Japon pour mettre fin à ses jours après la mort de sa femme dont il ne se remet pas. Alors que Van Sant a si bien filmé les grands espaces (Gerry) il est ici incapable de bien filmer la forêt, c'est un comble ! Déjà il n'a pas tourné au Japon, mais aux USA, ça se sent, et il ne prête aucune considération à l'espace cinématographique, un autre comble pour le cinéaste d'Elephant, film qui ne parle que de ça : comment situer un personnage dans l'espace ? Ici, aucune question de ce type n'est même effleurée, ça serait du studio sur fond vert ce serait pareil. Bon, évidemment il ne va pas se suicider de suite (voire pas du tout, je n'en sais rien d'ailleurs), et rencontre un japonais, présent sur site pour les mêmes raisons : ils vont désormais faire route ensemble, et les conversations au coin de feu, avec McConaughey en larmes factices à chaque instant font plus que peine à voir, c'est consternant, humiliant, et totalement gênant pour le spectateur pris d'une honte telle qu'il ne peut plus regarder l'écran. Mais ce chantage à l'émotion digne des émissions télévisuelles les plus consternantes trouve son acmé ailleurs : dans les nombreuses scènes de flashes-back, entre le personnage et son épouse (Naomie Watts), où l'on découvre qu'elle est atteinte d'un cancer et où l'on assiste patiemment, progressivement, à sa maladie puis à sa mort. C'est l'un des films les plus dégueulasses que j'ai vu sur le sujet. Outre le fait qu'on connait l'issue (puisque c'est un flash-back) et que ça nous est montré sans qu'aucun espoir ne puisse être possible, Van Sant se complait à appuyer bien fort sur la corde du lacrymal à outrance, avec des effets putassiers, d'irm bien plombants à grandes scènes de pleurs à la actors studios, aussi gênantes que pornographiques. Pire que tout, l'enrobage de tout ça est abject : une musique de film où les violons n'en finissent plus de gerber, une horreur, et une image léchée, complètement dégueulasse, qui se complait à faire le point sur les mailles des gros pulls en cachemir tout neufs des protagonistes, semblant dire que la souffrance peut atteindre chacun de nous, même ceux qui ont les moyens de se payer des beaux pulls pareils. C'est sur ce plan de pull que j'ai pris ma décision, je n'en pouvais plus, je me suis barré, qu'est-ce que j'ai bien fait ! (notez le visage des deux acteurs, c'est à mourir de rire)