Le Samedi 16 Mai, quelques heures avant que je prenne connaissance de l’immense déception de la presse envers The sea of Trees, je décide de commander mes places au Gaumont Pathé Opéra. En effet, c’était le seul cinéma de France à diffuser les longs métrages Cannois en avant première. Je n’ai réservé que pour ce film car je suis un immense fan de Gus Van Sant qui est à ce jour mon réalisateur préféré. Certes le réalisateur n’est pas une machine à chef d’œuvre et la qualité de ses œuvres oscillent souvent entre magnifique et moyen. Cependant j’adhère à son univers et à sa vision de l’adolescence (à l’inverse d’un Gregg Araki par exemple).
Samedi 23 Mai après une heure de transport en commun j’arrive à la station Opéra. A 100 mètres de la salle cinéma, je croise un attroupement de personne mêlant photographe et fan en délire qui attendait fébrilement Rafael Nadal à l’entrée de ce qui semble être un Hôtel. Cependant bien que je suis de manière assidu le Tennis je ne pris pas la peine de m’arrêter ne serais ce qu’une seconde. Moi j’attendais de pied ferme The Sea of Trees le 16ème longs métrage du réalisateur. Cela fait bientôt un an que ce film me titillait l’esprit.
Malheureusement le résultat final est bien en deçà de mes attentes. Il faut reconnaître à Van Sant un savoir indéniable au niveau de la réalisation et de la photographie. Certains plans sont vraiment magnifiques à regarder et les rayons du soleil qui pénètre timidement à l’intérieur de « La forêt des suicides » rends l’atmosphère du film assez unique par moment. Cette idée d’intégré ses rayons de lumière est ingénieuse car elle donne un très beau cachet à l’image.
De plus cela permet à Van Sant d’obtenir une lecture intéressante à son œuvre car cette forêt en plus de représenter un lieu, peu tout aussi bien montrer l’état d’esprit du personnage principal assombri par un passé douloureux contrebalancé par quelques fugaces lueurs d’espoir (représenté par se soleil qui transperce la noirceur de cette forêt). Quelques scènes du film sont très juste notamment un long monologue de Matthew McConaughey qui explique les raisons de sa venu à Ken Watanabe. Une scène bien écrite et bien interprété c’est assez émouvant à regarder. Au niveau de l’interprétation des acteurs, l’ensemble est disparate.
Les acteurs flirte souvent avec le surjeu et malheureusement ils le franchissent de temps en temps ce qui rend certaines scène risible surtout qu’au niveau de l’écriture dans le dialogue ce n’est pas souvent très fin. On va également parler du gros point noir du long métrage, les parties flash back. Je les trouvent personnellement peu utile et pertinent dans l’avancé de l’histoire. L’histoire d’un couple qui part à la dérive à cause de problème financier ou d’adultère on l’a déjà vu.
Sauf que la Van Sant ne renouvelle pas cela et très sincèrement hormis une photographie de qualité et quelques scènes très belles (la scène du restaurant avec la multitude de lumière flouté en arrière plan) le tout fait vraiment téléfilm avec des dialogues peu inspiré, des comédiens sous exploités, des scènes risibles
(la scène ou Matthew se fait engueuler par Naomi Watts parce qu’il ne trouve pas son rouge à lèvre est assez gênante)
ou encore des musiques criarde ou Van Sant nous annoncent que oui cette scène et dramatique et il faut pleurer. Ce procédé ne me gêne pas habituellement à condition que la scène soit bien amenée et que la musique ne soit adaptée à la situation.
Dans le cas présent la B.O est très souvent générique donc aucune émotion possible hormis l’agacement. La partie « présent » est en revanche plus convaincante. Malgré quelques incohérences grossières et évitables, le tout est agréable avec une bonne atmosphère, une belle réalisation est un périple à la fois contemplatif et haletant sur cette quête de rédemption qui peut se finir à tout moment par la mort. Cependant Van Sant torpille son film sur la fin. Tout d’abords il arrête brusquement d’adopter le point de vue de son personnage principal pour faire intervenir d’autres personnages
(les secouristes).
Cela est un défaut à mon sens ils y ‘avaient un autre moyens de les intégrer au récit. Mais surtout, il dévoile tout les tenants et les aboutissants de son twist finale alors que le film est tout de même facile à comprendre avec ou sans explication ce qui peut irriter les spectateurs ayant déjà compris les propos dissimulés pendant le long métrage. Au final en prenant l’œuvre dans sa généralité, l’ensemble est continuellement en dent de scie oscillant entre scène cliché et scène juste.
On sent tout de même que Van Sant à mis du cœur à l’ouvrage sauf que cette fois-ci et c’est rare, je ne me suis pas attaché aux personnages. Dans des œuvres comme Will Hunting ou A la rencontre de Forrester, les bons sentiments parfois too much était contrebalancé par des personnages attachants et une bienveillance du réalisateur envers eux assez rare. De ce fait on pardonnait facilement certains excès du réalisateur ce qui n’est pas le cas ici.
Cependant bien que Van Sant soit en méforme, la flamme est loin d’être éteinte comme le scandale la presse depuis une semaine. La mise en scène est toujours de qualité et les thèmes chers au réalisateur sont bels et bien présent dans The sea of trees. On a donc l’errance avec l’histoire d’Arthur Brennan en quête des rédemptions mais également la mort imminente qui peut frapper à tout moment (la scène de l’ambulance). Je suis donc optimiste Gus Van Sant évolue constamment et cherche encore sa voie.
Au final je pense que l’attitude du public à la fin de séance est bien représentative de la qualité du long métrage. Quelques applaudissements peu suivi mais pas de quoi hué un film qui est sincère mais qui manque de consistance dans sa longueur pour émouvoir. Enfin pour rassurer les spectateurs désireux de voir le film mais freiner par les critiques acerbe de la presse, je les rassurent tout de suite cela ne mérite aucunement les hués (aucun film ne devrait être hué de toute façon).