Il s'agissait de l'une de mes grosses attentes ciné de 2024, et j'avoue que j'en suis finalement ressorti assez déçu.
4e long-métrage de Robert Eggers (The Witch, The Lighthouse, The Northman), le cinéaste américain nous propose cette fois-ci sa propre vision du classique muet de F.W. Murnau, à l'image de Werner Herzog avec son «Fantôme de la Nuit» en 1979.
D'un point de vue formel, pas grand-chose à redire, qu'il s'agisse de l'esthétique, léchée et vénéneuse (on a parfois l'impression de voir des plans tout droit issus du film original de 1922, mais jamais exploités jusque-là), ou des décors et costumes, très soignés.
Eggers semble très appliqué dans tout ce qu'il fait, trop sans doute. Car à vouloir à la fois coller au plus près de l'esprit du film de Murnau, tout en voulant proposer quelque chose de différent, le film se rapproche finalement plus d'une sorte de relecture/remake boiteux.
Et cela se ressent au sein du casting, qui ne sont pas tous sur la même longueur d'onde, entre jeu maniéré de l'époque et jeu plus moderne (à l'image du couple Lily-Rose Depp - Nicholas Hoult), comme au niveau des effets de mise en scène, très soignés, mais souvent trop appuyés, ce qui enlève clairement une partie de la terreur qui aurait pu émaner du film.
Sans oublier l'incarnation du ténébreux Comte Orlok, roulant les RRR avec sa grosse voix, et portant...une grosse moustache ?!
Produite notamment par Chris Columbus (Harry Potter), une fable horrifique se déroulant en grande partie dans une Allemagne théâtralisée du 19e siècle, et proposant quelques belles idées de mise en scène (comme les jeux d'ombre, hommage direct à l'aspect expressionniste de l’œuvre originale), mais déroulant un récit trop long pour ce qu'il a à nous raconter (le film de 1922 n'était déjà pas exempt de quelques longueurs).
Un film très pictural, à l'ambiance minutieusement travaillée, mais qui a parfois du mal à trouver une véritable incarnation, comme coincée dans l'ombre de l’œuvre à laquelle il veut rendre hommage.
Un film à l'image des scènes de possession de Depp (dans le genre, je vous recommande plutôt de vous (re)voir Eva Green dans la série «Penny Dreadful». Celles et ceux qui l'ont vu ne me contrediront sans doute pas) : à trop vouloir en faire, ça a finalement du mal à prendre.
Et pour une œuvre qui se veut horrifique, c'est d'autant plus dommage.