De mon point de vue, il serait presque absurde de comparer ce Nosferatu au classique de Murnau tant le sang a coulé sous les ponts. Une comparaison avec le Dracula de Coppola me paraît aussi infondée tant les partis pris me semblent différents. Chez Coppola, il est question d’un amour traversant les siècles et le vampire sait se faire séduisant. Ici, Orlok est repoussant et concède lui-même être inapte à l’amour. Le souffle épique du Dracula de Coppola est également absent du film d’Eggers qui préfère la noirceur et la cruauté au lyrisme et au sentimentalisme. Les couleurs de Dracula sont chaudes, celles de Nosferatu sont froides. En ce sens, une comparaison avec le film Possession, lue ici ou là, n’est pas malvenue. La prestation de Lily-Rose Depp n’étant d’ailleurs pas loin d’égaler celle d’Adjani dans le film de Zulawski. Quant au Nosferatu de Herzog, j’adore le cinéma de Herzog (Cobra Verde, Fitzcarraldo, Aguirre ou plus récemment Salt & Fire), mais son adaptation flirtait pour moi dangereusement avec le ridicule, la faute au génial, mais indomptable Klaus Kinski. Bref, pour ce qui me concerne, ce Nosferatu Grand Cru(or) 2024 passe très bien.