Film théâtral............ou théâtre filmé
Avant toute chose, je ne suis pas un extrémiste de la VO à tout pris, même si j'essaie de voir un maximum de film dans cette configuration, mais là, vous n'allez pas avoir le choix car regarder ce film en version française rend le film atroce: on est entre le doublage de film de cuisse (ou de fesse) et celui des pauvres soaps d'Amerique Du Sud que l'on retrouve sur la TNT. Ca gâche le film....
En ce qui concerne le film en lui-même, commençons par le négatif. Je ne dirais rien en ce qui concerne Adjani (même si je trouve qu'elle avait le physique parfait pour figurer au générique d'un Dario Argento), encore moins pour Klaus Kinski (magistral et effrayant tout bien comme il faut) mais en ce qui concerne Ganz: un charisme d'huitre (et encore, je suis méchant avec le mollusque....). Beaucoup trop théâtral dans son "jeu". Et je ne parle pas de Reinfield qui fait plus Guignol qu'autre chose.
D'ailleurs, c'est ce que je reproche au film dans son ensemble. Vouloir montrer du théâtre a travers une caméra a rarement marché. On frôle ici le kitsh ou la série B. Il ne sert à rien de surjoué les sentiments (la peur, la tristesse....). On y croit pas une seconde ( Gans ayant peur sur son lit quand Dracula approche, Adjani ou Dracula mourrant.....ca donne plûtôt envie de rire et je ne pense pas que ce soit le but!). Je ne reprocherai pas au film le fait qu'il ne se passe pas grand chose car on est pas dans un blockbuster mais dans un pur film d'ambiance.
Et la Mr Herzog, je dis bravo : que ce soit les décors naturels (surtout le trajet pour aller au château, une forêt dign e de "Délivrance") ou le château, rien à dire, c'est superbement filmé. L'utilisation de la plongée et contre plongée rend l'atmosphère très oppressante de même que la musique (ou son absence, d'ailleurs, avec le bruit du vent et des animaux). Herzog nous offre quelques plans magnifiques (la tête blanche de Dracula qui ressort de l'obscurité, le bateau vu du ciel, les scènes avec les rats....). Et la scène de la place infestée de rats et remplie de cadavres où tout le monde danse ou mange (sordide paradoxe) est exceptionnelle.
Si je n'ai pas été emballé par l'histoire en elle même et la direction d'acteur (même si la fin est réussie), je l'ai au moins été par la mise en scène.
Allez, un petit conseil lecture: pour ceux que ça questionne de savoir si il existe quelque chose de plus cruel que mourir, c'est l'immortalité, intéressez vous au mythe du "Juif errant" (je recommande aussi "Histoire du Juif errant" de Jean D'Ormesson)