Impressionné par la magnificence émanant de "L'Aurore" & grand amateur du cinéma horrifique, c'est avec excitation que j'entame le si réputé "Nosferatu".
Désolation. Encore un film surestimé, dont la renommée n'a pas lieu d'exister. Certes il s'agit du vieux cinéma ; certes il s'agit de l'un des premiers films du genre ; certes c'est le grand Murnau, auteur du terrifiant "Faust", qui fut aux commandes pour la réalisation.
& pourtant, quelle foutue déception ! J'avais lu le classique de Stroker il y a de cela une dizaine d'années & c'est l'un des rares bouquins à m'avoir laissé tétanisé par la peur dans mon lit. Aujourd'hui je regarde l'adaptation d'un grand cinéaste & je plonge dans une certaine neurasthénie : le roman y est à peine respecté & Murnau préfère mettre en avant des foutaises, au détriment du mysticisme entretenu par Stoker. Le rythme est très mal soutenu, on passe d'une scène à l'autre sans réel raccord, on dirait même que Murnau a fait un tri hasardeux quant à la sélection des textes. La musique est enchanteresse au début, mais devient très vite répétitive, irritante, voire agressive pour les tympans ; on se rend aussi compte qu'elle ne colle que rarement aux scènes, orchestre aléatoire. Si Max Shreck est bien maquillé/déguisé & mis en scène, sa démarche & sa lenteur le font plus passer pour un handicapé sénile que pour un vampire (le vampire comme symbole du juif, l'antisémitisme n'était pas latent à l'époque, & les tendances de Murnau ne sont plus à discuter).
Alors, même si certains jeux de lumière & d'ombre sont beaux, & certains moyens visuels (accélérés, négatifs, etc.) sont brillamment utilisés, l'ensemble est fade, sans vivacité, l'image n'est pas soignée & on a très vite mal à la tête & les yeux qui fatiguent (tout cela couplé à la maladresse de l'accouplement image/musique). Les acteurs sont plutôt mauvais, voire complètement futiles, & le final est grotesque.. Pour tout dire, le seul personnage m'ayant marqué est Renfield.
Si l'ambiance claustrophobe, l'atmosphère inquiétante, les silences teintant la bande-son, & quelques scènes cultes sont les éléments fondateurs du film, prétendu père de l'expressionnisme dans le cinéma allemand, le résultat final est incomplet. Murnau ne fournit pas ici un travail de qualité, j'ai failli m'endormir vers la fin, & pourtant je suis friand de contemplation.