Jean Jacques Annaud est un réalisateur important, capable notamment au début de sa carrière, de porter des projets complètements fous comme L'Ours, La Guerre du Feu ou Le Nom de la Rose au firmament du cinéma français tant auprès du public que de la critique. Un peu moins convaincant par la suite à mon sens, j'étais pourtant curieux de découvrir Notre-Dame Brûle son dernier film en date avec cette grisante perspective de se retrouver au cœur du brasier le plus marquant et le plus médiathèque de ces cinquante dernières années. Un peu refroidi par la bande annonce j'ai toutefois esquivé le film en salles avant de le découvrir avec un petit temps de retard.
Notre-Dame Brûle revient bien sûr sur l'incendie qui a ravagé le célèbre monument historique et religieux au cœur de Paris les 15 et 16 avril 2019. Le film nous propose de suivre essentiellement le travail des pompiers pour circonscrire l'incendie et sauver le patrimoine culturel, historique et religieux qui s'y trouvait.
Avant de revenir longuement sur tout ce que je n'ai pas du tout apprécié dans la proposition de Jean Jacques Annaud il revient d'en saluer les maigres mais très belles qualités. La première est incontestablement de réussir de manière épisodiques mais intense à nous transporter au cœur du brasier avec un sentiment à la fois de contemplation et d'angoisse face à la dangerosité et surtout l'imposante stature des enjeux et de la catastrophe. Quasiment toutes les séquences dans la fournaise de l'incendie et qui impliquent le courage des pompiers sont assez remarquables dans leur dimension à la fois spectaculaire et intimiste. Même si les dialogues sont loin d'être mémorables, il est clair que le film tout entier aurait du se focaliser sur les hommes du feu et leur combat et tailler dans tout le gras qui entoure cet axe narratif. Jean Jacques Annaud réussit aussi admirablement à mélanger les images issus de son film à celles issus des médias et des informations de l'époque ce qui témoigne de la véracité assez impressionnantes des images pourtant fictives qu'il a tourné. Et même lorsque le réalisateur se lance dans une imagerie plus symbolique il fait parfois des merveilles comme avec cette gargouille les yeux éructant de fumées oranges et qui crache du plomb en fusion, comme quand la vierge laisse perler une goutte sur son visage telle une larme ou que le fracas de l'eau sur la cloche de la cathédrale semble sonner la fin des enfers. Il y-avait sans doute matière à un très grand film sur cette symbolique lutte entre les flammes de l'enfer et la sainteté du lieu encore fallait il bazarder tout l'aspect carte postal de Paris, évincer toute la touche politique au mieux inutile au pire racoleuse et ridicule, supprimer toute la dimension religieuse agaçante à force d'être appuyée, éliminer tout cette humour qui n'a aucun intérêt dans le contexte et se passer de tout le champ des possibles pour nous expliquer que finalement c'est la faute à pas de chance.
L'exposition du film est à ce titre un véritable calvaire avec un Paris de carte postale et une magnifique congrégation de touristes pour bien monter au combien le monde entier vient visiter Notre-Dame, mais bon passe encore sur ce point. Ensuite le film va nous servir un catalogue du style je ne veux accuser personne mais y-a tout de même plein de coupables potentiels avec un festival de plans et de situations lourdement démonstratives avec le type qui fume là ou c'est interdit, les plans de rallonges électriques en bordel, les monte charge qui font des étincelles, les outils des ouvriers qui occasionnent des résidus brûlants, un surveillant du poste incendie débutant et mal formé, une alarme qui déconne tout le temps à tel point qu'on n'y prête plus attention, un type qui se trompe d'endroit pour vérifier le départ d'incendie, un pigeon qui bécote des fils, une fuite de gaz, un mec qui oublie l'utilité d'un extincteur et même une petite touche de potentiel acte terroriste histoire de n'oublier personne. Alors ok, Jean Jacques Annaud parvient à dresser tout le spectre des possibles mais si ta seule conclusion c'est de dire finalement on n'en sait rien du tout, j'ai envie de dire bah t'emmerde pas avec ça et passe directement à autre chose. Je ne sais pas si Jean Jacques Annaud pense que nous avons tous oublier la localisation de Notre-Dame et le moment de l'incendie mais il lui semble bon d'engager Anne Hidalgo pour un court rôle des plus inutile et de bien marquer la présence d' Emmanuel Macron qui dans un clin d’œil de star hollywoodienne semble même nous suggérer que c'est lui qui a sauver Notre-Dame alors que le corps des pompiers semblait lui résolu à laisser le feu faire son travail plutôt que de risquer des vies humaines. Mais le pompon de l'inutilité et du ridicule revient tout de même à l'apparition d'un clone ridicule de Donald Trump twittant d'envoyer des avions bombardiers d'eaux avec bien sûr les doigts tout gras de hamburgers (bonjour la subtilité). Forcément avec un tel sujet il était difficile de totalement occulter la dimension de l'impact religieux d'une telle catastrophe. Même si elle est loin de me passionner je veux bien adhérer à tout l'épisode rocambolesque autour de la récupération de la couronne d'épine qui symboliquement représente tout le patrimoine à sauver des flammes mais pour moi le film appuie trop sur ses symboles religieux à commencer par cette gamine et son cierge magique. Je sais très bien que les fidèles venus prier et chanter leur foi devant Notre Dame en flammes est un fait réel et avéré mais fallait il en faire d'un coup presque la musique du film lorsque les pompiers parviennent enfin à dompter l'incendie comme si l'un avait presque engendrer l'autre ? En tout cas je me serais bien marrer avec le type qui vient récupérer les hosties (C'est le corps du christ merde!!) et qui repart dans un jolie lumière bleutée comme si il marchait sur l'eau. Le film multiplie ainsi les moments un peu gauche et ridicules dans des tentatives d'humour parfois ratés comme lorsque le conservateur de Notre Dame tente de prendre un vélib et le récit se retrouve rempli de moments presque gênants de paresse d'écriture et de vide ( Tu veux un chewing-gum, le code du coffre oublié, le chat sur le toit …)
Notre-Dame Brûle aurait pu être un très grand film si Jean Jacques Annaud ne s'était pas à ce point disperser à contextualiser à outrance son récit , s''il ne ne nous avait pas proposer une telle galerie de personnages inutiles et souvent grossièrement caractérisés et qu'il s'était focaliser de la première flamme jusqu'à toute la fin de l'incendie à nous plonger au cœur du brasier et du travail des pompiers. Au départ je penchais plus pour un 04/10 mais charité chrétienne oblige et pour les nombreuses séquences également très réussies j'irai jusqu'à la moyenne paresseuse.