Mamma mia, dirait Gina, les notes basses que je vois sur ce film, ça me rend fou, alors que cette adaptation assez fidèle du roman de Victor Hugo, est méritoire et rappelle qu'il n'y avait pas qu'à Hollywood qu'on savait faire de belles fresques historiques, surtout en 1956 avec les moyens plus limités dont disposait une production française, associée ici avec des capitaux italiens. D'où la présence parmi un casting entièrement français de Gina Lollobrigida, grande star à l'époque qui faisait quelques incursions dans le cinéma français (Fanfan la Tulipe, Belles de nuit) parce qu'elle parlait le français, malgré son accent qui dans le cas présent, n'est pas incongru puisque la belle Esmeralda est une danseuse gitane. Elle trouve dans ce rôle l'une de ses meilleures prestations, on dirait que le rôle est taillé pour elle, tant elle rayonne au summum de sa beauté à cette époque.
A ses côtés, il fallait une star aussi internationale qu'elle, un partenaire de poids pour incarner Quasimodo, puisque le scénario (écrit par jacques Prévert) insiste sur ce personnage de sonneur de cloches ; et quel meilleur acteur qu'Anthony Quinn ? il est prodigieux et livre une composition inoubliable et émouvante, avec des dialogues en français s'il vous plait ! Son maquillage à la laideur fascinante, restera longtemps un classique de la profession, il écrase tous les acteurs qui l'ont précédé dans le rôle, je me souviens que le maquillage de Charles Laughton dans la version de 1939 (the Hunchback of Notre-Dame) était particulièrement raté, alors qu'ici, Quinn a une apparence de bossu contrefait qui sert son jeu d'acteur.
Parlons un peu des décors : je les trouve plutôt réussis même si c'est du carton-pâte, c'est très bien foutu au niveau des éléments de la cathédrale avec les gargouilles, les éléments décoratifs, ainsi que dans la scène de la cour des miracles bigarrée. Preuve que les Français pouvaient faire aussi bien que les Américains dans ce domaine.
Dans le reste de l'interprétation, on retient Jean Tissier en Louis XI facétieux, Alain Cuny qui campe un Frollo un peu trop théâtral (petit défaut) mais assez conforme au rôle, Philppe Clay en brigand Clopin, et Robert Hisch dans le rôle du poète Gringoire, ils donnent du relief au film. Sinon, l'amourette entre Esmeralda et Phébus est assez insignifiante, et la mise en scène de Jean Delannoy un peu statique ; heureusement, tout ceci n'handicape pas le film qui ne reproduit pas les excès mélodramatiques, les redondances et les invraisemblances assumées du roman, ça reste une belle production historique du cinéma français dans les années 50, ce qui était assez rare.