Sont les deux personnages dont l'âme est pure dans cet épais roman de Victor Hugo…
Désormais, pour moi, ils ont en plus un visage à jamais : Gina Lollobrigida pour l'une et Anthony Quinn pour le second.
Le roman de Hugo a été adapté un certain nombre de fois mais je me suis toujours contenté de la version Delannoy qui me parait fidèle surtout en ce qui concerne mes deux personnages préférés. Bien sûr Delannoy et ses scénaristes Aurenche et Prévert avaient à ingurgiter six cent et quelques pages dans deux heures de film. Un certain nombre de scènes et de personnages ont donc été supprimés mais globalement on s'y retrouve plutôt bien dans le film.
La mise en scène flamboyante de Delannoy décrit dès le départ un Paris en liesse autour d'un spectacle assuré par le poète Pierre Gringoire rapidement débordé par la fête des fous, bien plus populaire, en charge d'élire un pape des fous. Une belle et efficace façon de mettre dans l'ambiance d'un Paris du XVème siècle entre un clergé hautain et tout puissant face à un peuple dominé par la Cour des miracles.
Bien sûr, les scènes du parvis de la cathédrale ou du clocher sont tournées dans des décors reconstitués mais que je trouve très bluffants. Au point d'ailleurs que je me demande s'il n'y a pas quelques scènes tournées en décors réels.
Mais c'est le choix des acteurs et leur jeu qui me marquent dans ce film.
Gina Lollobrigida dans le rôle d'Esmeralda est formidablement séduisante avec sa fraîcheur, sa générosité et sa candeur. En plus, son léger accent lui apporte la crédibilité de l'origine bohémienne du personnage.
Anthony Quinn dans le rôle du carillonneur avec son maquillage en bossu, borgne et estropié mais au grand cœur est inoubliable et ne peut qu'appeler l'empathie du spectateur. Ses cabrioles sur les cloches ou sur les gargouilles de la cathédrale sont émouvantes surtout pour ramener des petites fleurs à une touchante Esmeralda.
Les seconds rôles ne sont pas en reste avec Philippe Clay en chef des mendiants ou Robert Hirsch dans le rôle du poète Gringoire. Jean Tissier fait un surprenant Louis XI (avec ses fameuses cages).
On y trouve même Boris Vian dans le petit rôle du cardinal de Paris, ce qui est assez cocasse …
Seul le personnage de Frollo interprété par Alain Cuny me laisse un peu perplexe (comme très souvent). D'accord, le personnage du roman est un psychorigide un peu allumé et bien torturé mais Cuny me semble forcer un peu trop sur le caractère grandiloquent du personnage ou, plutôt, le rend trop grandiloquent.
Au final, Delannoy a réussi un bon film à grand spectacle qui est une bonne adaptation du roman avec deux acteurs complètement inoubliables.