Quoiqu'il se passe dans la tête de Romain Gavras, on est juste content de ne pas en faire partie. Car Notre jour viendra reste pour ma culture cinématographique un objet singulier que je ne pourrais pas comparer au cinéma de quelqu'un d'autre. Et l’œil vierge que j'ai pu poser sur cet ovni à la fois brut, poétique, fier et désabusé n'a eut d'autre choix que de se laisser entraîner dans cette fuite de rouquins formidablement interprétés par Vincent Cassel longtemps si répétitif et Maurice Bartelemy l'autre frère Wanted du collectif Kourtrajmé qui nous délivre aussi une interprétation à des lieux de "La Barbichette". Les deux sont justes, à fleur de peau et font défiler une palette d'émotions au rythme des délires de leur course. Car Romain Gavras les encre dans un nord de la France encore une fois déprimant à l'image mais qui colle parfaitement à l'ensemble des épreuves loufoques qui jalonnent le film. Et à chacune d'elle, il semble mettre en avant une nouvelle question, un nouveau constat sur le monde dans lequel nous vivons. Et tout y passe avec en tête de liste la crise identitaire. Ingénieux choix que de surfer sur la vague de "l'anti-roux" en les faisant passer pour des victimes, chose qu'ils font d'ailleurs très bien eux même. Pourquoi? Parce que.
Comme un constat qu'il fait sur l'ensemble d'une génération élevée à la différence, au sexe, à internet, à la bouffe, aux codes, à l'image de soi, il le dépeint et de part son traitement, semble s'en foutre complètement. Accompagné par la musique originale de Sebastian jusqu'à la sirène d'alarme, un seul regret à ne pas être dans la tête de Romain Gavras, le comprendre.