Définitivement, « Notre musique » doit appartenir à la catégorie des Godard que je préfère… Quand les images sont disponibles, qu’elles soient des archives ou des images fictionnelles... À quoi bon les refaire, autant utiliser ce qui est déjà existants, se réapproprier, modifier, intégrer, monter. Si le cinéma de Godard dans sa phase final ne devait nous apprendre qu’une seule et unique chose : le montage EST la réalisation.
Bien sûr, ici, tout n’est pas uniquement images d’archives, ça ne concerne d’ailleurs que la première partie nommée : « Royaume 1 – Enfer » durant une dizaine de minutes, mais c’est fondamental dans l’approche artistique du cinéaste. Si tout le reste du film est bel et bien tourné, on se dit que ça pourrait ne pas être nécessaire tant Godard exploite le médium cinématographique comme seul objet poétique et philosophique. Le semblant de narration est une excuse dans l’unique but de nous emmener vers la poésie. Par le son et l’image.
Entre images d’archives et propos sur la guerre et la reconstruction après la guerre, « Notre musique » se traduit en un faux documentaire dont la majeure partie se passe en Bosnie. Le film se laisse savourer par sa poésie et sa musique, ses plans sur des villes abîmés par la guerre, ses tours soviétiques… Pas d’ennui durant cette heure et quart, le voyage est prenant, sombre, troublant et se termine dans un paradis à l’image du sacrifice empruntée. Seul bémol qui a gâché un peu mon visionnage, une partie en langue étrangère (Anglais puis… Bosniaque ?) est dénué de sous-titres, très dommage d’autant que ce sont des phases de dialogue assez longues.
Pour conclure, un des meilleurs films du réalisateur franco-suisse vu jusque-là. À voir.