Alala, Kore-eda... Encore jamais déçu par ses œuvres, j'ai peur à chaque fois que je m’attèle à un de ses films, craignant que le sentiment que j'associe à ce Japonais génial disparaisse. Une fois de plus, Hirokazu a convaincu, et ce d'une manière nouvelle. En effet, alors que l'on retrouve quelques schémas de ses autres films (la famille, bien sûr, mais aussi le cimetière et le petit village de Still Walking, l'abandon de Nobody Knows, la découverte de Air Doll...), cette nouvelle merveille se distingue de ses productions précédentes.
Tout d'abord, le ton censé être plus "léger" que je considère seulement comme moins brutal que certains de ses scénarii passés (Tel père, tel fils ou Nobody Knows étant parfois très durs à regarder): cela ne signifie bien sûr pas que le film est un feel-good ou joyeux, car certains moments sont cruellement réels. Ensuite, la mise en scène, beaucoup moins posée que dans le passé : alors que l'endroit fait beaucoup penser à Still Walking (même colline), la technique de plans fixes qu'il tiendra tout au long de son film de 2008 est abandonnée pour une réalisation bien plus agitée, étant donné que l'on suit non plus une famille bloquée à un moment de leur vie mais une fille et ses sœurs en pleine évolution. Et quelle évolution! Kore-eda restera le maître des films sur les relations familiales (bien que Boyhood de Linklater n'est pas mal du tout, par exemple), et c'est toujours en filmant patiemment les moments parfois les plus insignifiants qu'il fait ressortir l'essence même des humains: plein de fautes, ces derniers arrivent cependant quelquefois à atteindre une honnêteté bienveillante.