Icare voulait quitter le sol, contrer ces 9,81 m.s-2 d’accélération qui le clouaient irrémédiablement sur la terre ferme, il voulait mettre une claque à une physique catégoriquement imbattable.
Des projecteurs lacèrent l’obscurité de la nuit et font apparaître la fumée s’échappant d'une plateforme de lancement. Icare est bien loin mais l’homme n’a cessé de rêver depuis. Voilà la réalité d’une salle de contrôle, d’une carlingue se dressant, convaincue, prête à emmener les hommes dans l’irréel, le lointain, l’inaccessible. Des voix saturées par les microphones s’agitent.
Compte à rebours.
Le rêve est réalisé.
Le film fascine tant il est conforme à notre esprit. Le réalisateur montre l’immuable vérité, le rêve qui sommeille en chacun d’entre nous, non contents d’être parvenus à se décrocher du sol qui voulons aller encore plus loin, faire des cabrioles, des vrilles et des loopings pour échapper l’espace d’un instant à notre condition humaine.
L’atmosphère est onirique, le noir et blanc esthétique parfois bleuté et rythmé par les zooms, les flashs et les surexpositions participe au rêve sur une musique destinée à nous faire flotter dans les airs. Les machines se suivent : biplan, dirigeable, ballon et autres loufoqueries aux ailes et hélices innombrables.
A jouer avec la nature, l’homme se blesse et le songe continue de faire battre le cœur des uns en arrêtant celui des autres. Pelechian marie les charmes et les désagréments du vol sans avoir la prétention d’entreprendre un quelconque travaille historique comme pourrait le laissait penser l’omniprésence d’images d’archive.
Tout ce que le monsieur montre ici dans le désordre le plus total est la défiance des lois naturelles, le physiquement interdit bravé par l’ingéniosité de l’humain, le témoignage illustré d’une rêverie humaine avant tout.
De la cire et des plumes aux tuyères bouillonnantes , de Crête en Lune, there’s a giant leap for mankind.