Cygne contradictoire
J'ai beau très peu m'intéresser à la danse, le parcours et la personnalité Rudolf Noureev m'ont toujours beaucoup séduits, notamment à travers sa dimension historique. Aussi, cette idée de biopic...
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le 25 août 2019
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On a plus l’habitude de voir Ralph Fiennes devant la caméra que derrière et c’est donc avec curiosité que l’on se rend à la projection de « Noureev » qui est (encore) un biopic sur une figure très peu connue du grand public : le danseur de ballet russe Rudolf Noureev. Déjà soulignons deux bonnes choses qui n’étaient pas gagnées d’avance. D’abord il ne faut pas forcément être intéressé par la danse classique pour être captivé par le film, cet art n’étant que le contexte de l’histoire (tout comme dans un genre diamétralement opposé pouvait l’être le « Black Swan » de Darren Aronofsky). Ensuite, et c’est tellement rare mais pourtant fondamental pour la crédibilité d’une œuvre, les personnages russes parlent russes, les personnages français parlent français et les personnages anglais parlent anglais. Bref par souci d’authenticité, Fiennes a eu l’intelligence de ne pas faire parler tous les rôles en anglais avec des ridicules accents censés représenté le pays d’où ils viennent. « Noureev » y gagne clairement. Et, preuve de son investissement dans son œuvre et qu’il ne prend pas son public pour des imbéciles, le réalisateur s’est donné un second rôle russe où il parle la langue de Dostoïevski avec un accent parfait. Ce souci de véracité se retrouve également dans le choix du rôle principal où il a préféré prendre un véritable danseur russe qui n’avait jamais joué plutôt que l’inverse, en l’occurrence un acteur qui se serait mis à la danse classique.
Par ses choix artistiques soucieux de réalisme, « Noureev » se suit donc avec un certain plaisir, surtout que la mise en scène du comédien est très apprêtée et fait penser à un joli livre d’images. Le néo-cinéaste a eu l’autorisation de tourner à Saint-Pétersbourg (ancien Leningrad) et il sait mettre en valeur cette mythique ville peu vue au cinéma. Les flashbacks sur l’enfance de Noureev, s’ils ne sont pas indispensables au récit, permettent de jolies envolées lyriques dans un magnifique noir et blanc teinté de bleu. La reconstitution de la Russie et de Paris est impeccable et la caméra du cinéaste toujours là où il faut, filmant impeccablement les quelques scènes de ballet ou autres soirées parisiennes enfumées. Quant à Oleg Ivenko, il est parfait dans son premier rôle, dans un rôle pas facile de danseur hédoniste mais arrogant et peu aimable. On suit donc les deux heures que dure cette biographie sans s’ennuyer mais il manque un véritable point de vue, on ne sait pas vraiment ce que Ralph Fiennes a voulu nous dire. Car on sent bien qu’il a voulu aller plus loin qu’une simple biographie. Mais où ? Et cela se répercute également dans le choix de l’angle pour narrer cette histoire. Il est bien trop vague et finalement ne mène à rien. On touche du doigt à l’oppression du régime russe sur les artistes (plutôt bien rendue), sur le monde du ballet (déjà vu), sur la bisexualité du personnage titre (bien trop timorée et effleurée) ou encore sur la notion de liberté (maladroite), mais il manque clairement d’un angle de tir clair et une affiliation à moins de genres. On passe en effet ici du drame au romantisme en passant par le film politique ou le thriller. On s’éparpille trop rendant « Noureev » sympathique mais pas aussi passionnant qu’il aurait pu et dû l’être et c’est dommage.
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Créée
le 15 juin 2019
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