Aucun pays n'est homogène. En tout cas aucun de ceux que je connais. C'est d'ailleurs un argument touristique, la variété. Mais en période de campagne politique, ça devient un thème piégeux, il suffit d'écouter n'importe quelle chaîne d'info pour voir pourquoi. Du coup, un documentaire comme celui-ci, à qui on pourrait reprocher à d'autres périodes d'enfoncer des portes ouvertes, trouve une légitimité et une pertinence toutes neuves. Immersion dans la banlieue qu'est pas rose, la banlieue qu'est morose. Et là, ô surprise, on découvre des gens. Ben ça alors. On pourrait penser qu'il fallait s'y attendre, mais c'est quand même bien escamoté par les débats aux ras des pâquerettes de ces derniers temps. Et donc, ces gens, eh ben ils ont une vie et des sentiments. Et ils galèrent gravement. Même les braves gens, figurez-vous. Et pis la France, ben c'est pas toujours une sinécure, ni une lande riante de miel et de fleurs. Pourtant, après une vie entière de labeur et de coups durs, certains de ces braves gens estiment que ça valait le coup, de ne jamais pouvoir retourner voir leurs familles en Afrique, d'affronter la grisaille et le froid, de ne pas se sentir accueillis. Pourquoi ? Le documentaire n'apporte aucune réponse pré-digérée, mais nous laisse bien imaginer ce qui est raconté en creux, dans les silences, longs et nombreux. Utile, donc, même si pour les hargneux, il parlera bien trop doucement... mais il reste tous les autres, les doux et les gentils, dont je continue à espérer qu'ils sont les plus nombreux. Et puis il donne l'occasion de faire la connaissance d'une infirmière à domicile dévouée qu'on a envie d'avoir dans son entourage. D'un mécanicien comme filmé au ralenti qui dépanne des épaves dans le froid et à qui on aimerait confier le sort de sa caisse. Et il montre aussi des plans poétiques et beaux de villes qu'on n'aurait pas forcément eu l'idée de traverser en-dessous de 130 à l'heure... Bref, un joli voyage chez nous, parmi nous, à notre rencontre, quoi.