À l’image de cette calme observation de chevreuil qui ouvre Nous, Alice Diop va s’introduire dans la vie de petites gens de la banlieue parisienne pour capter leurs habitudes et montrer toute leur humanité. La cinéaste le fait de façon très délicate et explicite tout au long du film son travail, sa vision en tant que réalisatrice, apportant une dimension très authentique à l’ensemble. Le documentaire, entrecoupé de séquences d’archives qui sont l’occasion pour Alice Diop de parler — littéralement, c’est sa voix que l’on entend — de son héritage culturel sénégalais, va essayer de balayer, non sans réussite, différentes classes sociales afin de mettre en avant ces oubliés. L’exemple de Dom Juan pris par Pierre Bergounioux dans une entrevue avec la cinéaste explicite de façon parfaite la démarche (et a, par la même occasion, fait prendre conscience à Alice Diop l’importance de son travail). Nous filme donc l’héritage de toute la population française — issu de l’immigration, ou alors d’autres qui se recueillent auprès du corps de Louis XVI —, ce fameux “Nous” qui, malgré les différences culturelles, est unifié.