Si les paradis artificiels mènent en enfer, les paradis fiscaux conduisent en Suisse !

Si les paradis artificiels mènent en enfer, les paradis fiscaux conduisent en Suisse !(Ch.Aznavour)
"Vols au-dessus d'un nid de pigeons"

On ne change pas une équipe qui gagne ! (enfin, presque pas )
Yves Robert (1920-2002) reprenait presque le même quatuor gagnant d'acteurs que pour son opus précédent de "L'éléphant, ça trompe énormément" (1976)...

Quinzième des vingt et un longs métrages du réalisateur qui est aussi ici scénariste et coproducteur avec Poiré... Et dont "Alexandre le bienheureux" restera pour moi une des meilleures créations...

Heurs et malheurs de quatre copains qui ne vivent pas vraiment sur terre une vie paradisiaque !

Etienne soupçonne sa femme d'avoir un amant et tel un détective, la piste immodérément...

Au point d'emménager dans l'hôtel en face de chez lui...

Simon, étouffé par sa mère, est médecin et amant d'une malade imaginaire... Quand on peut joindre l'utile à l'agréable !

Bouly, le rouleur de mécaniques se voit imposer les principes de "l'amour libre" et traîne une importante marmaille, en même temps qu'une belle américaine décapotable dont je n'ai pas retrouvé la marque...

Enfin Daniel, homosexuel, vendeur de voiture, projette de se marier avec sa chef de service... Un rôle plus effacé que les autres, voire un peu inutile, dans lequel le comédien semble parfois ailleurs...

Les quatre comparses ont décidé d'acheter en commun une maison de campagne pas chère, avec tennis, qui va les surprendre, nous aussi !

Yves Robert qui adorait le théâtre et qui y a fait ses premières armes, en a peut-être gardé l'esprit de troupe, le sens de l'amitié et de la famille : ce récit eut pu être un vaudeville de boulevard : on imagine très bien une Caravelle dériver au-dessus de la tête des spectateurs dans une salle parisienne !

Marthe Villalonga, qui joue la mère possessive de Simon en haïssant ses belles-filles potentielles qui vont lui voler son fils, continue d'ailleurs à déclamer et crier dans ce film comme si elle était sur les planches sans micro ! Tic d'habitude ?

Danièle Delorme a été l'épouse réelle de Daniel Gélin qu'elle réembrasse ici semble-t-il avec délectation, lui qui joue dans ce film le rôle d'un metteur en scène, avant d'être celle d'Yves Robert jusqu'à sa mort...

Elle a aussi fait partie du casting précédent et identique de "Un éléphant ça trompé énormément" sans que ça en soit une suite selon elle... Le premier opus était une comédie franchouillarde, celui-ci l'alterne de tragédies... Derrière beaucoup d'humour quand même : Yves Robert cachait beaucoup de sensibilité et une âme d'enfant. Il ne travaillait pas au cinéma ou sur les planches : il y jouait... Il a aussi cédé, et contrairement à son habitude, à Bedos en modifiant au tournage la crise de nerfs affectant son personnage apprenant le décès de sa mère...

Deux grands moments dans ce film-culte :

Celui où Jean-Pierre Castaldi s'étant fait injustement gifler par Etienne pour être le pseudo amant de sa femme, le redécouvre dans la Renault 6 où le "cocu" s'était enfermé pour sauver son intégrité physique...

Pour se faire justice, le colosse entreprend alors de démantibuler soigneusement, scrupuleusement, lentement, pièce par pièce, flegmatiquement, la voiture, en tordant ses essuie-glaces...

Les riverains témoins de la scène assistent passivement à la démolition, sans bouger ni intervenir (de nos jours, ils smartphoneraient) et Jean Rochefort lui-même subit stoïquement ce hallali sans sourciller, pétrifié de terreur, pour finalement se raviser et entrouvrant sa fenêtre pour s'excuser : "Vous allez rire, il y a méprise !"

L'autre grand moment est le réveil du quatuor le matin de sa première nuit dans sa maison de campagne quand ils ouvrent la fenêtre pour se gaver du chant des oiseaux.... Je ne révèlerai pas pour ceux qui découvrent cette aventure !

De toute façon, les gags sont multiples, les plans se succèdent à un rythme tout aussi effréné que celui de ses engueulades, et tantôt on se rit des situations burlesques, tantôt on compatit sur leurs drames...

Le casting contient une pépite de talents de l'époque : ce sera malheureusement le dernier film pour Sylvia Gaby décédée en 1980 , qui joue la future-ex épouse de Daniel (enfin Claude !) ...

La musique de Vladimir Cosma se montre plaisante sans être intrusive et c'est tout ce qu'on lui demande....

Pas un grand succès commercial toutefois : en tout cas par celui de la guerre des boutons et ses (presque) dix millions d'entrées...

Ici le Box-Office le classe à la huitième place sur 32 films millionnaires avec 2 080 789 entrées en 1977... Loin derrière BB (Bernard et Bianca) totalement oublié de nos jours...

Et sans césar non plus, malgré trois nominations... Désamour de la distinction pour les comédies ?

Seule ombre au tableau : malgré les sollicitations, Jean Rochefort refusa de rempiler pour un troisième épisode, craignant de se laisser enfermer dans un rôle... Ce qui le fâcha avec Yves Robert...

Le cinéma n'est pas toujours un paradis !

.
France 3 le 07.11.2021-Arte le 22.07.2024-

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le 8 nov. 2021

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le 19 août 2024

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