Ce serait bien malheureux si Nous, les Leroy ne parvenait pas à trouver son public, qui devrait être très large, mais la sanction paraît peu probable. S'il est hors de question de considérer le film comme un chef d’œuvre et si la mise en scène y semble avant tout fonctionnelle et parfois un peu pataude, à quoi bon faire la fine bouche devant une écriture joliment équilibrée entre humour, tendresse, cruauté et émotion, pour aboutir à une comédie douce-amère, sur un sujet, la séparation, pas si simple à traiter si l'on veut donner la parole équitablement aux personnes concernées, les parents, et aux victime des dégâts collatéraux, les enfants. Nous, les Leroy est avant tout très amusant, n'hésitant pas à s'aventurer dans le mauvais goût, sans pour autant y patauger. En privilégiant la force du rire, le film a ensuite toute latitude pour baisser d'un ton et introduire des éléments moins joyeux et réalistes, sans glisser sur la pente du mélodrame puisque ce n'est pas le projet, et en rendant tous les membres d'une même famille sympathiques, y compris quand leurs gros défauts sont passés au tamis de la compréhension bienveillante. Outre José Garcia, très efficace dans une partition cependant attendue, c'est Charlotte Gainsbourg qui étincelle, elle dont l'ingénue drôlerie a rarement été aussi bien exploitée au cinéma.