C'est un film honnête, parfois splendide par bouffées, mais il y a quelque chose de très simple à dire : Pialat a fait beaucoup mieux après. J'ai l'impression que plus encore que dans L'enfance nue (qui est pourtant un bien plus grand film), Pialat force un peu, sans doute parce qu'il est en train de se trouver en tant que cinéaste, sur le rythme qui fera toute l'étrangeté et la singulière beauté de ses films à venir, à savoir une succession de temps pleins et de temps creux ne s'additionnent pas toujours, ne laissant place qu'au présent de l'action. Ca va tellement loin ici qu'on tombe dans l'envers de cette esthétique : que de l'âpreté, pas assez de fièvre. Les films suivants trouveront cet équilibre, mais là, on est encore au squelette de ça, c'est trop schématique. Le film est d'ailleurs assez peu créatif, très monocorde. Et le personnage que Pialat décide finalement de suivre est peut-être le plus émouvant, mais pas le plus intéressant (le générique de fin étant peut-être un aveu). Aussi, le film est peut-être trop proche de ce qu'était Pialat dans la vie, et il y a un moment où le dégoût de soi-même paralyse un peu, je trouve. Jean Yanne est formidable, mais on sent que la charge est parfois trop lourde, Depardieu trouvera par la suite bien plus de grâce et de distance pour saisir le personnage pialatien. C'est presque un film expérimental en fait, qui a l'obsession univoque et la platitude qu'ont parfois les films expérimentaux, les films dispositifs ; mais un très beau film tout de même et qui préfigure l'oeuvre immense à venir.