Maurice Pialat adapte pour son deuxième long-métrage son propre roman éponyme et plus ou moins autobiographique...
Nous ne vieillirons pas ensemble avec son titre nous met d'emblée en garde : le pseudo-cinéaste trentenaire soupe au lait (l'excellent Jean Yanne) et sa fluette maîtresse rousse (la très jolie Marlène Jobert même si je n'aime pas trop sa diction), tous deux capricieux comme des gosses, finiront par se quitter. Mais la question reste entière : comment ?
Je dis "maîtresse", parce que c'est bien le cas. Et ça on ne le sait pas au tout début du film et la surprise sera grande. Il faut dire que les rapports entre Jean et sa femme (Macha Méril) - de retour d'un voyage en URSS - n'ont rien d'ordinaire. Rapports dont tout nous sera conté ou presque au cours d'une scène passionnante sur fond d'épluchage de haricots verts. Qui l'eût cru ? Mais je ne vous en dirai pas plus...
Parce que ce sont bien les rapports entre Jean et la jeune Catherine qui intéressent en premier lieu le réalisateur. Des rapports à la "Je t'aime moi non plus" ou à la "fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis". Sauf qu'en plus, et l'on s'en doutera dès le début après que les parents de Catherine s'étonnent d'un bleu à l'oeil de leur fille, Jean la bat parfois en plus de passer son temps à lui gueuler dessus. Il la bat physiquement, mais surtout verbalement, avec en "poing" d'orgue une scène en voiture où il l'insultera, l'humiliera comme c'est pas permis. Un passage d'une violence rare comme seul Maurice Pialat sait les dialoguer.
Et heureusement, parce que pour le reste je suis un peu resté sur ma faim. Certes, la mise en scène m'a elle aussi plu, mais il ne se passe pas grand-chose finalement et, surtout, les "je te quitte mais en fait non" à répétition finissent par lasser et plomber le milieu du film.
Dommage donc que ce scénario soit si monolithique, finissant par créer quelques longueurs. Car malgré des rapports humains et sociaux (les parents) aussi finement que férocement rapportés, il m'a manqué un truc ou deux à me mettre sous la dent pour me retrouver emporté dans la tourmente de ce trio complexe, au passé douloureux pour les uns, mais perdus dans leurs passions et sentiments contradictoires pour tous.
6,5/10