"Thieves Like Us" fait assurément partie des Altman mineurs, dont sa filmographie regorge, mais qui restent malgré tout assez agréable à regarder. Si l'on met de côté le spoil assez préjudiciable présent sur l'affiche française (et en un sens, flécher le spoil, c'est un peu spoiler soi-même...), ce qui est le plus marquant dans le film tient à la qualité de la reconstitution, les années 30 états-uniennes et la prohibition, au gré d'une direction artistique vraiment soignée. Rien de follement impressionnant du reste, simplement les élucubrations de trois gangsters plus ou moins accomplis qui se retrouvent après leur évasion du pénitencier pour s'adonner à leur nouvelle passion : le braquage de banque. La chose est filmée de manière extrêmement distante, d'ailleurs il faudra attendre un long moment avant de voir 2 minutes d'un de ces braquages (et encore, ce n'est que pour montrer un détail dans l'escalade de la violence et le début des ennuis). Non très clairement, ce qui intéresse le plus Robert Altman, c'est la relation entre le plus jeune des évadés et une femme en charge de le soigner, respectivement incarnés par Keith Carradine et Shelley Duvall.
Le film est inspiré du roman éponyme d'Edward Anderson, qui avait également été une vague source d'inspiration de Nicholas Ray en 1948 pour "Les Amants de la nuit" aka They Live by Night. On pense aussi spontanément au mètre-étalon du film de gangster du Nouvel Hollywood, le "Bonnie & Clyde" de Arthur Penn — sorti 7 ans avant, déjà. C'est avant tout une chronique d'ambiance, un récit qui s'efface au profit d'une atmosphère, à mesure que le rapport amoureux entre les deux — issus d'univers diamétralement opposés — se reconfigure au gré de leur rapprochement et des péripéties. C'est pas un métier de tout repos faut dire, braqueur de banque... À ce titre "Nous sommes tous des voleurs" ne dégage pas une énergie folle, on dirait même qu'il cultive sciemment les temps morts, les ralentissements, et l'apathie de fond. Un léger ennui agréable à contempler.