Nous trois ou rien, premier film réalisé par le sympathique Kheiron, que j'ai pu découvrir comme pas mal de monde en tant que pervers notable dans Bref. On suit la vie de son père, Hibat, qui a fuit l'Iran de Khomeini, et a demandé l'asile politique à la France.
Ainsi, comme indiqué précédemment, le film peut se découper en deux actes : le premier en Iran et le second dans la banlieue parisienne, entre Stains et Pierrefitte-sur-Seine.
Tout d'abord, j'ai vraiment aimé la partie dans l'Iran des années 50, eu égard à mes piètres connaissances cinématographiques, c'était la première fois que je voyais ce contexte abordé sur grand écran. On suit donc Hibat dans sa jeunesse et son parcours politique pour la démocratie en Iran et la destitution du Shah. Combat qui le mènera en geôle et où il sera victime de la torture. Nous suivrons ensuite son parcours jusqu'à la France, fuyant la toute jeune république islamique.
La seconde partie du film est plus subtile, plus habile, où l'on peut voir comment Hibat arrivera à accéder à un statut social, et arrivera à ce battre pour transformer l'endroit où il vit, et où il va réussir à faire en sorte que les habitant se transcendent, et qu'ils s'approprient eux-même leur cité.
Ce film est une belle histoire, une histoire vraie qui plus est. Et c'est là où se trouve l'un des problèmes majeurs du film c'est que l'on insiste sur l’authenticité de l'histoire alors qu'on sait pertinemment qu'elle est romancée sur certains détails. Notamment pour introduire des touches d'humour, qui sont le second problème majeur du film. Souvent ces blagues sont forcées, on peut citer toutes les fois où Kheiron essaie de jouer un peu comme un neuneu comme pourrait le faire Ramzy à la bonne époque de "H". Mais non rien à faire, la ficelle est trop grosse, ça ne passe pas.
Et ceci me permet d'aborder la troisième et dernière chose qui m'a dérangé dans le film, c'est les changements de ton beaucoup trop soudains et beaucoup trop nombreux. Je m'explique, on va voir une scène où Hibat se fait battre dans une cellule d'isolement de sa prison en Iran, et deux secondes après on va avoir une petite blague potache sans la moindre transition. Je comprends que l'idée est de vouloir dédramatiser, mais c'est fait beaucoup trop vite et ces changement m'ont constamment fait sortir du film. L'idée de mélanger plusieurs registres peut être bénéfique à une œuvre, l'exemple qui me vient c'est Orange is the new black dans lequel les larmes et le rire peuvent se trouver dans le même épisode, néanmoins les transitions sont plus en douceur et le format de la série est probablement mieux adapté que le film de 1h30 pour ce genre de changement.
J'ai bien aimé la volonté de vouloir montrer à l'écran des personnages féminins forts, comme Fereshteh. Et encore une fois c'est par la subtilité que ça pêche : elles nous apparaissent comme fortes car on dévalue en une scène et sans raison les nombreux personnages masculins trop grossièrement car ils se mettent soudainement à se comporter comme des débiles. C'est fort dommage car le personnage de Leïla Bekthi est plutôt intéressant selon moi.
La manière dont est filmée la banlieue parisienne défavorisée est un peu spectaculaire, néanmoins le message qu'il sert est plutôt positif. les acteurs jouant les habitants du quartier sont tous très crédible (sauf peut-être les deux crétins à casquette dont j'ai oublié le nom), et c'est dans ce contexte que la qualité de l'humour est rehaussé par rapport à la première partie du film.
Encore quelques détails qui me chiffonnent que je ne vais pas mentionner ici, néanmoins c'est un bon premier essai pour Kheiron qui a réussi à nous pondre une œuvre sincère et agréable à voir, un bon moment à passer, seul ou à trois.
Ah et je ne sais pas si les musiques en arabes que l’on entend viennent d'Iran mais c'était très agréable à écouter, et ça se marie très bien au film.