À la fois autobiographie familiale, film politique, comédie "dramatique" ou même fable socio-culturelle dans son dernier tiers, ce qu'on peut dire du premier film de Kheiron, Nous Trois ou Rien, c'est qu'il fait preuve d'une richesse incroyable.
L'histoire (hors du commun) de ses parents, des péripéties politiques de Hibat Tabib jusqu'à son immigration avec sa famille en France, nous transporte dans un mouvement perpétuel où jamais l'on ne s'ennuie entre gags de Kheiron et passages plus sérieux mais non moins touchants; la séquence de la traversée des montagnes qui fait office de pivot central est notamment à couper le souffle selon moi.
Personnellement je n'ai jamais aimé l'étiquette "comédie dramatique" appliquée par les critiques pour décrire Nous Trois ou Rien ou d'autres films, bien que pertinente : étymologiquement "drama" signifie "action", une comédie dramatique serait donc une comédie où il se passe vraiment des choses à l'écran, où le statu quo évolue sans cesse (à la différence de Supercondriaque par ex). Je pense qu'un bon film est un film capable de véhiculer au spectateur la gamme d'émotions la plus large possible, la joie et la tristesse bien sûr, mais aussi la peur, la colère, l'espoir, et selon moi ce film est effectivement un très bon film en cela.
Nous Trois ou Rien c'est un film si fort que des acteurs prestigieux comme Alexandre Astier ou Gérard Darmon ont accepté de jouer des second rôles pour lui donner une visibilité médiatique digne de ce nom, ainsi que d'autres acteurs tous aussi bons les uns que les autres comme Arsene Mosca, Zabou Breitmann ou l'ami Kyan Khojandi.
Bref, à la fois pour son (ses) propos que pour le tour de force de réalisation de la part de Kheiron, et particulièrement dans notre contexte socio-politique actuel dont le film se fait l'écho, il est IMPORTANT d'aller voir Nous Trois ou Rien au cinéma.