Un artiste raté qui joue des spectacles ringards fait la tournée des maisons de retraite.A l'occasion d'une de ses représentations,il sympathise avec Odette Saint-Gilles,pensionnaire d'un de ces endroits qui se trouve être une ancienne vedette de cinéma des années 40,et ils décident de créer au théâtre une adaptation de la correspondance de Madame du Deffand.Comme ils n'ont pas un kopek,le montage de la pièce va s'avérer acrobatique.Anne Fontaine,qui réalise et a coécrit le scénario,s'est entourée de collaborateurs habituels pour ce film,dont le producteur Philippe Carcassonne,l'ingénieur du son Jean-Claude Laureux,metteur en scène d'un unique film,l'érotique "Les bijoux de famille",et surtout le comédien Jean-Chrétien Sibertin-Blanc,qui n'est autre que son frère et qu'elle utilise ici pour la troisième fois dans le rôle d'Augustin après les épisodes de 94 et 99."Nouvelle chance" souffre d'un scénario erratique mollement et lentement déroulé.Les temps morts abondent et la narration est souvent heurtée.Pas mal de thèmes sont abordés,sans qu'aucun ne soit vraiment traité.On discerne un aspect documentaire sur la vie des sous-fifres du showbiz et sur les affres de la vieillesse pour les actrices.Augustin,rêveur et inconscient,se démène désespérément pour mener à bien son projet,multipliant les mensonges,les manipulations et les bricolages hasardeux.Odette Saint-Gilles et Bettina Fleischer sont en quelque sorte les doubles fantasmés de leurs interprètes Danielle Darrieux et Arielle Dombasle.Un peu comme dans "Le bal des actrices",Fontaine s'amuse à mélanger l'image publique et la réalité.Ainsi,d'authentiques photos et affiches des films de Darrieux tapissent les murs de la modeste chambre d'Odette,laquelle ressemble sur certains points à Danielle,dans le genre petite vieille ironique et pleine de vivacité.Mais évidemment,ce n'est pas complètement elle puisque l'actrice tournait encore et n'a pas fini dans une maison de retraite minable.La réalisatrice en profite pour shooter quelques jolies images mélancoliques évoquant les ravages du temps à l'aide de gros plans sur le visage de sa star,où seuls ses yeux magnifiques témoignent encore de sa beauté passée.Beau moment également quand elle interprète "La folle complainte",superbe chanson de Charles Trénet.Arielle joue malicieusement de sa réputation de beauté évaporée,incarnant une actrice entre deux âges dont la carrière commence à donner du gîte.Divinement roulée,elle affiche un goût particulier pour la chair fraîche et lance un jeune comédien amateur dont elle fait son amant.Cahin-caha,on semble se diriger vers une success story improbable avant que le ton de l'histoire ne change progressivement pour basculer dans l'amertume.Les trahisons vont se succéder et les protagonistes s'évinceront les uns les autres.Les deux femmes contraignent Augustin à virer le copain acteur qu'il avait engagé,puis Bettina se débarrassera d'Odette avant d'être elle-même larguée par son gigolo qui,une fois sa carrière amorcée,n'aura plus besoin d'elle.Ces notations sur les bassesses de la nature humaine ne manquent pas de pertinence mais tranchent inopportunément avec l'ambiance poético-burlesque installée au début du film.Finalement,le plus intéressant dans tout ça est le personnage d'Augustin,hélas en retrait par rapport à ses aventures précédentes,car il doit ici faire de la place aux vedettes féminines.Dommage,car il a un potentiel comique énorme,dans le style pince-sans-rire et totalement à l'ouest,qui aurait dû être plus exploité,d'autant que l'imperturbable Sibertin-Blanc l'incarne génialement.Le bellâtre Andy Gillet est fadasse au possible mais l'inconnu Christophe Vandevelde est formidable en baltringue persuadé qu'il est un acteur demandé.Il faut l'entendre engueuler Augustin en braillant qu'à cause de lui il a refusé un spectacle pour enfants!A part ça,il y a des caméos de Jack Lang,Dominique Besnehard et Josée Dayan qui jouent leurs propres rôles.