Ne connaissant pas le travail de Fruit Chan, réalisateur réputé d'une hypothétique nouvelle vague de Hong Kong, j'attendais beaucoup de sa "Nouvelle Cuisine", extension d'un précédent court-métrage remarqué. Malheureusement, je suis resté sur ma faim (!), tant Chan ébauche trop de thèmes, explore trop de voies, pour les laisser tomber ensuite au fil d'un film qui ne tient pas ses promesses. Le filmage est d'une élégance qui frôle le maniérisme, et cette lumineuse beauté (des acteurs, des plans), sensée souligner la plongée vers un primitivisme horrifiant, est finalement assez lénifiante. De même, l'intéressante approche d'une sexualité cannibale mais hypnotisée par le mirage de l'éternelle jeunesse du corps, est désamorcée par la pudibonderie rituelle du cinéma chinois. Finalement, c'est du côté de la cruauté sociale (la misère physique et morale d'une mère et d'une fille confrontées à une grossesse incestueuse) que l'on trouve les rares moments d'intensité de cette "nouvelle cuisine", d'une intelligence assez vaine.