On est évidemment préparé pour ça. Mais ceux pour qui la charge émotionnelle est trop importante peuvent se mettre sur le côté. Je ne veux pas qu'on laisse place à nos émotions personnelles. Aux dernières informations, il y aurait deux terroristes en fuite dans Paris. Je veux que le moindre type qui a eu un comportement bizarre dans les dernières vingt-quatre heures soit en garde à vue.
À la mémoire des 130 morts et des braves ayant mené le combat contre l'obscurantisme
Après Aux yeux de tous(2012), La French (2014), HHhH(2017) et Bac Nord(2021), le réalisateur Cédric Jimenez est de retour avec "Novembre", un thriller noir sous haute tension revenant sur l'enquête policière ayant eu lieu après les attentats islamistes du 13 novembre 2015 en France et qui ont fait 130 morts et plusieurs centaines de blessés. Un sujet terrible sur lequel le cinéaste Marseillais revient en concentrant son intrigue autour des investigations ayant conduit à l'intervention explosive du 18 novembre 2015 dans une banlieue du centre-ville de Saint-Denis. Cinq journées d'enquêtes intensives durant lesquelles le spectateur se retrouve immergé auprès de l'antiterrorisme qui va mener une chasse à l'homme haletante autour d'Abdelhamid Abaaoud, le commandant opérationnel des attentats du 13 novembre. Sur un scénario d'Olivier Demangel et Cédric Jimenez, on assiste à une reconstitution savamment documentée qui alterne subtilement les phases d'action avec les moments plus intimistes pour obtenir une investigation passionnante. Une histoire tragique pleine de rebondissements d'une rare intensité qui aborde les événements avec une sensibilité poignante pour une réaction dure et implacable. Novembre n'est pas que l'adaptation d'une histoire vraie qui met en colère, c'est également un thriller nerveux qui concilie avec brio l'enquête, le drame, et l'action. Rien n'est laissé au hasard.
Les scènes d'action sont filmées au plus près, caméra à l'épaule pour plus de réalisme, ce qui ajoute beaucoup de crédit et de tension à une fulgurance déjà palpable. Des images fortes, au plus souvent situées à Paris à travers une réalisation soignée tant au niveau des costumes et des décors que de la mise en scène, avec ses couleurs grisâtres et ses effets sonores percutants, sans oublier la composition musicale glaçante de Guillaume Roussel. Une cinématographie traitée avec ingéniosité pour un cinéma de haute volée qui parvient à mettre en scène un périple qui ne tombe jamais dans la gratuité. Au contraire, les séquences sont à la hauteur du sujet traumatique abordé via une conduite artistique qui ne fait pas n'importe quoi. Une conception respectueuse, réaliste et percutante, au service d'une tension savamment véhiculée par le biais d'un rythme qui par endroits faiblit pour mieux rebondir lors du final. Une conclusion anxiogène qui laisse parler le feu des armes durant une longue et impressionnante intervention. Un assaut musclé où des hommes et des femmes courageux appartenant au RAID épaulé par la BRI, se sont dressés devant l'adversité. Une entremise rendue possible après une gigantesque enquête opérée par des centaines de membres provenant de différents services de l'ordre, qui se sont associés pour arriver à ce moment précis afin que justice soit faite. Un cheminement rendu avec force par Cédric Jimenez qui n'oublie personne, pas même "Diesel", une femelle berger belge Malinois du RAID abattue par les terroristes lors de la charge.
On retrouve une grosse distribution pour de nombreux personnages qui représentent le point névralgique de cette œuvre. Ils apportent une véritable dynamique via des réactions qui transpirent de vérité. Des agents sous tension encore traumatisée par les événements survenus quelques heures plus tôt et qui n'ont pas le temps de pleurer les morts. Une justesse désabusée savamment conduite par la direction d'acteurs de Jimenez, qui malgré le nombre de protagonistes important parvient à garder le fil scénaristique et à ne pas perdre le spectateur. On se sent concerné par chaque personnage. Jean Dujardin sous les traits de Fred est possessif. Il apporte une présence très forte qui porte avec force l'ensemble du récit. Anaïs Demoustier est comme à son habitude excellente en tant qu'Inès. Elle essaye tant bien que mal de mener l'enquête avec l'ensemble de ses collègues incarnés par des bons comédiens comme Sandrine Kiberlain, Jérémie Renier, Jérémy Lopez, Sami Outalbali, Sofian Khammes... Sans oublier Lyna Khoudri qui avec "Samia" aborde une autre part importante de cette enquête contre la montre.
CONCLUSION :
Novembre, réalisé par Cédric Jimenez est un thriller noir viscéral qui frappe un grand coup à l'estomac en revenant sur l'enquête des attentats tragiques survenus le 13 novembre 2015. Un périple énervé et anxiogène qui immerge avec force le spectateur à travers une chasse à l'homme qui met les nerfs à rude épreuve. Un grand film que l'on doit au cinéaste Marseillais qui avec un œil expert revient sur des événements difficiles par le biais d'une cinématographie léchée au service d'un récit intelligent pour une distribution efficace.
Avec ce film, Cédric Jimenez devient un grand réalisateur dans la sphère cinématographique mondiale.
Je sais où sont les deux terroristes.