Ce film est inspiré de faits réels, mais reste une fiction. Il n'entend pas porter une appréciation sur une affaire judiciaire.
Dès le carton d'introduction, j'ai su que Jimenez allait à tout prix éviter de refaire une BAC Nord, qu'il allait prendre des gants… et ce fut le cas. Novembre parle des jours qui ont suivi les attentats du 13 Novembre 2015, tout en tentant de se montrer le plus lisse possible, d'éviter toute profondeur. Pas de politique donc, la psychologie des personnages n'est pas étudiée, même concernant le fonctionnement de la SDAT (sous-direction anti-terroriste), on reste très en surface, donnant l'impression de se retrouver face à un service chaotique de bout en bout.
Et à vrai dire, au sujet de ces deux derniers points, pourquoi pas ? Le but de Jimenez n'était clairement pas de nous présenter un film avec des héros, mais plutôt de filmer un groupe qui, malgré le chaos qui règne, finit par accomplir son objectif. Que ce soit dans le dossier de presse ou en interview, le réalisateur est très souvent revenu sur ce qu'il appelle « l'effet tunnel », le fait que ça ne s'arrête jamais, que rien d'autre n'existe à part la mission durant les cinq jours qui sont filmés.
Malheureusement, bien que la tension soit là, que Jimenez arrive à faire monter la sauce, ça n'explose jamais. Le réalisateur n'a jamais autant prouvé qu'il était une sorte de sous-Greengrass à la française tant Novembre fait pâle figure face à un Vol 93. Les scènes les plus réussies se révèlent finalement être celles qui amorcent une situation (la scène avec les téléphones au début du film)… et celles qui les désamorcent (le coup de l'infiltré placé en garde à vue). Celles qui s'avèrent être les plus proches de l'explosion, notamment l'assaut final, ne sont pas celles que l'on retiendra le plus. Cette dernière aurait peut-être même gagné à nous être présenté exclusivement du point de vue du personnage de Dujardin, voir de celui du personnage de Kiberlain exclusivement, tant le fait de se retrouver en plein milieu de l'action n'apporte rien et se révèle, finalement, n'être qu'une scène d'action gratuite et un peu ratée.
Encore pire, je crois que ce sont les dialogues, et par corollaire, les scènes dans lesquelles ça parle le plus. Tout comme pour Bac Nord, on frise très souvent le ridicule à ce niveau-là, le pire étant sans nul doute les interrogatoires : on ne rentre pas dedans, il n'y a aucune tension, on ne ressent aucun enjeu, aucune menace… on se fait chier ! La faute aussi à une direction d'acteur toute aussi mauvaise que pour Bac Nord, malgré le casting 5 étoiles (mais sans un Gilles Lellouche qui en fait des caisses, fort heureusement).
Dernier élément troublant et qui recoupe avec ce que j'ai déjà évoqué plus haut, à savoir la psychologie des personnages : le fait que les coupables soient retrouvés grâce à un témoin clé aurait pu se montrer intéressant, justement, si le film s'était intéressé à la psychologie de ses personnages. Ici, celui incarné par Anaïs Demoustier croit la témoin, pas celui incarné par Jérémie Renier, et tout semble finalement se jouer sur du pile ou face. Il manque quelque chose, tout se résout trop vite, trop facilement. Certes, l'instinct joue aussi pour ce genre d'affaire, mais force est de constater que cela ne fait que renforcer cette impression d'amateurisme concernant la SDAT, le fait qu'ils soient complètement largués, qu'ils ne savent pas où ils vont.
J'avais beau avoir trouvé Bac Nord affligeant, surtout la manière dont ce fut récupéré par la droite et l'extrême droite, reste qu'il y avait des trucs à en dire, que ses scènes arrivaient à exploser un minimum. À côté, Novembre est un film fade. Certes, il évite de nombreux pièges dans lesquels était tombé Bac Nord, et il ne fait surtout pas l'erreur de filmer les attentats. M'enfin, malgré tout, le contrat qui était de se plonger derrière les lignes de l'antiterrorisme durant 5 jours, le côté film choral, n'est que partiellement rempli.
Fun fact : le titre et la date du 14 apparaissent à la quatorzième minute du film. Voilà ! Vous faites ce que vous voulez de ce détail. Je tenais juste à vous le partager.