L'idée de départ est intéressante et avec un fort potentiel, à savoir que le protagoniste de notre histoire souffre d'une pathologie l'empêchant de ressentir la douleur physique, le poussant à s'isoler le plus possible du monde et pouvant, l'air de rien, le mettre sérieusement en danger à tout moment.
Bon, cela ne démarre pas si mal. Le début résolument romantique annonçait quelque chose de supérieur pour la suite. L'alchimie entre Jack Quaid et la très belle Amber Midhunder fonctionne (même si la deuxième écrase considérablement en charisme le premier !). Les liens affectifs qui unissent les personnages qu'ils jouent sont bien creusés, à travers des dialogues et des situations évitant les clichés. Il y a même une scène réellement touchante lors de laquelle, avant un moment encore plus intime, la femme montre à son amoureux ses propres blessures physiques que pour mieux révéler qu'elle aussi à des fêlures psychologiques. Tout ça donne des motivations crédibles quant au fait que le personnage principal soit fou amoureux et soit prêt à affronter tous les périls pour sauver sa dulcinée.
Malheureusement, dès la séquence du hold-up, ça vire totalement dans la comédie d'action bien bourrine, lors de laquelle tous les poncifs du genre, utilisés et réutilisés des milliers de fois auparavant, se contentent de se répéter sans arrêt. Ce qui devient rapidement lassant, en plus d'enlever toute originalité et toute surprise à l'ensemble.
En outre, on comprend très vite que la pathologie du personnage est plus un prétexte à une série de gags cartoonesques ratés qu'à être une source forte de tension permanente par rapport au mal que notre gaillard peut s'infliger ou se faire infliger sans s'en rendre compte. Sans la moindre cohérence psychologique (parce que durant le début susmentionné, il paraît plutôt intelligent !), juste parce que le film essaye en partie de baser son humour sur cela, le protagoniste a des attitudes complètement débiles. De plus, on a le droit à quelques ralentis gratuits voulant dégager, à chaque fois, du suspense quant à l'aboutissement d'un gag, vouloir dire pathétiquement, durant ses longues secondes, "eh, eh, regardez, regardez, vous allez avoir une chute trop drôle à la fin de ce ralenti !". Mouais... le tout souhaite tellement surligner qu'il est marrant, qu'en conséquence, il ne l'est pas du tout. Pour faire rire et être réussie, une comédie doit absolument sembler naturelle, couler de source, ne jamais apparaître forcée. C'est le b.a.-ba.
Vous ajoutez, pour bien enfoncer le truc dans la médiocrité, des bastons lors desquelles chacun se fout des coups à dix mètres, des courses-poursuites mal montées, ne sachant pas notamment mettre en parallèle des actions et l'omniprésence des dangers extérieurs que l'on peut rencontrer en circulant à tout berzingue dans une ville fréquentée (bordel, analyser la fameuse scène de French Connection, si vous voulez un exemple parfait de ce qu'il faut faire dans le domaine !), des acteurs secondaires d'une grande fadeur (le fils de Jack Nicholson, qui incarne le méchant ultime, prouve que le talent et le magnétisme ne sont pas forcément héréditaires !).
Et pour finir, on tombe dans l'esthétisme à deux balles d'un film moyen bien terne de plateforme d'aujourd'hui (ce qui me pousse à avancer l'opinion que Novocaine avait plus sa place en direct VOD que dans les salles de cinéma !) avec ses décors supposés extérieurs tout propres et tout lisses, dans lesquels pratiquement seuls le gris, le marron et le noir font acte de présence. Mais putain, mettez de la couleur, primo, parce qu'on n'est pas dans un thriller poisseux (ce qui aurait pu expliquer une gamme aussi limitée et aussi déprimante de teintes !), secundo, parce que l'intrigue est censée se passer lors de la période de Noël. Or pas une illumination, pas une guirlande, pas un sapin, pas une vitrine bourrée de jouets, pas une boule, alors que cela aurait été une raison scénaristique idéale pour faire péter les couleurs du point de vue visuel. Si ce n'était pas dit à une ou deux reprises par un personnage quelconque et que les braqueurs n'étaient pas déguisés en Père Noël (ouais, en fait, l'histoire est placée lors de cette période uniquement pour justifier les costumes qu'utilisent les antagonistes pour commettre leur forfait !), il aurait été impossible de deviner que ça se déroule lors des fêtes de fin d'année. Ah oui, tertio, pourquoi les flics, qui ne sont pas visiblement des lumières, déjà, ne savent pas que le gilet pare-balles existe et, ensuite, ne tentent jamais, quand ils sont dans la merde, d'appeler des renforts ?
Bref, globalement, encore un énième produit américain con, sans saveur et oubliable, provoquant autant de sensations au spectateur que je suis que les coups de douleurs au personnage principal.