Ado-calypse
Sorte de plongée psychédélique dans la journée d'une bande d'ados, Nowhere c'est un peu un condensé de tout ce qu'on a dans la tête à cet âge là : un gros bordel mélant rêves et désillusions, amour...
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le 26 mai 2014
24 j'aime
Se plonger aujourd'hui dans le cinéma de Gregg Araki c'est recevoir un électrochoc encore que celui procuré par le premier visionnage de l'époque. Percuter que, bien avant #metoo et toute la vague de productions militantes qui a émergée, le grand Gregg produisait déjà des films merveilleusement justes et inclusifs. Du coup, ce film permet de jeter un regard en arrière assez critique sur les 90's et la première décennie des 2000's : plutôt que d'adouber ce cinéaste comme le génie visionnaire qu'il était, les critiques ont décidé de le classer dans le genre ô combien convenu du "cinéma queer" (quand on ne dit pas "cinéma punk"). Parce que bien sûr, un gay qui met en scène des minorités sous fond de masculinité toxique ne peut CERTAINEMENT pas être autre chose que du cinéma QUEER. Ce mépris avec lequel il était regardé, comme un auteur "révolté" ne sauront cependant masquer la qualité de son travail : mise en scène, rythme, idées de scénario.. Araki sait comme peu de réalisateurs filmer non pas la révolute adolescente mais surtout son ennuie et sa quête de sens et d'identité, brassant sans chichis les identités sexuelles, réussissant à produire un mythe urbain qui ne soit pas insultant pour les noirs, les femmes et les gays sans en faire un argument marketing.
Par ailleurs, comme je disais plus haut : la mise en scène est géniale : c'est du pur montage 90's, monté sur cassette avec des raccords bien sales, souvent expérimentaux, des tons de couleurs qui ne se répondent pas mais pourtant superbe cohérence. Le liant de ces scènes et de ces images ? La musique, choisie avec soin, qui oscille entre le punk et le shoegaze et laisse en toile de fond l'impression d'une narration continue.
Ca pourrait être du pure plaisir si l'horreur de certaines situations n'étaient pas si réelles et ne renvoyaient pas à des faits que l'on fait semblant de découvrir aujourd'hui et qui, pourtant faisaient bien évidemment déjà bien parti de notre quotidien depuis longtemps. Un film qui donne envie de se transformer en cancrelat, et de se barrer en disant "fuck this shit, I'm out of here".
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Je grave et je mate et A post-Marxist list of occasionally queer teens fighting patriarchy.
Créée
le 10 févr. 2021
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