Méchant Flic et très méchant flic
Le cinéma d'action made in France n'a jamais brillé et à l'exception de quelques bessoneries rigolotes (le Transporteur, le Baiser Mortel du Dragon et les films de Pierre Morel) et de l'excellent Nid de Guêpes de Florent Emilio Siri, les amateurs d'actionner qui dépote n'avaient pas grand-chose à se mettre sous la dent.
Fred Cavayé a redonné un coup de fouet à ce genre moribond avec deux excellents films (Pour Elle et A Bout Portant) qui n'ont hélas pas été de gros succès en salle.
Pourtant, c'est probablement inspiré par son confrère que Frederic Jardin s'est attelé à la réalisation de ce Nuit Blanche.
Jardin applique la recette Cavayé à lettre : une idée narrative forte, une exposition réduite au minimum, des personnages stéréotypés et une mise en scène caméra à l'épaule.
Force est de constater que cela fonctionne plutôt bien grâce à un scénario malin qui exploite à fond l'idée départ et qui multiplie les rebondissements dans un décor unique (une gigantesque boîte de nuit). Il y a un soupçon de Die Hard (toutes proportions gardées !) et de Speed dans cette histoire menée tambour battant. Le film contient quelques belles montées d'adrénaline transcendées par une violence sèche à l'image de la baston épique entre Julien Boisselier et Tomer Sisley.
Le métrage doit d'ailleurs beaucoup à l'abattage de ce dernier épatant dans son rôle de flic aux abois et prêt à tout pour sauver sa progéniture. Les quelques gueules qui composent le reste du casting ne sont pas en reste, Serge Riaboukine et Joey Starr en tête, même s'ils témoignent malheureusement aussi des limites de l'ensemble.
En effet comme beaucoup de films de genre Français, Nuit Blanche a tendance à en faire un peu trop : entre quelques grands moments de cabotinage (on retiendra surtout une joute verbale raciste et hilarante entre Riaboukine et le sieur Morville), des incohérences narratives et un scénario qui répète inlassablement le schéma « je t'entube, tu m'entube, nous nous entubons » ressemblant parfois à une pâle copie de la mythique série The Shield (comme Braquo tient....), le film perd en crédibilité et le final sanglant vient confirmer cette impression.
Au final, on tient là une série B plutôt attachante malgré les gros défauts d'écriture qui viennent la plomber. On a vu beaucoup mieux même en France mais la tentative mérite d'être saluée pour un film remplit son office de divertissement de divertissement burné. C'est déjà pas si mal...