L'Histoire du cinéma compte des aberrations sorties d'on ne sait où. Nuit et Jour en est une. Un biopic sur Cole Porter, jusqu'ici rien d'anormal, réalisé par Michael Curtiz, jusqu'ici rien non plus, absolument pas fidèle à la véritable vie de ce même Cole Porter, là ça commence, avec dans le rôle du protagoniste, qui aurait été absolument parfait pour Fred Astaire, Cary Grant, ouch...
Cary Grant était un bulldozer de charisme. Incroyablement et génialement drôle dans le registre de la comédie, incroyablement et génialement fascinant dans les œuvres d'Alfred Hitchcock, le tout sans jamais, même dans les situations les plus ridicules, perdre une once de son incroyable classe et de son incroyable élégance. Voilà pourquoi je le classerais sans hésiter parmi mes stars préférées de tous les temps. Mais franchement, mon immense admiration pour lui ne me cache absolument pas le fait qu'il n'avait absolument rien à faire ici.
Il est aussi à l'aise dans la peau de Cole Porter qu'une nonne le serait sur une scène de strip-tease. Ce n'est même pas une erreur de casting, c'est une... aberration totale... Il est raide comme un piquet tout au long du film et marche en mode zombie. Et de plus, ce qui est choquant de la part d'un acteur qui avait la particularité d'insuffler un peu de sa magie à chacune de ses partenaires féminines, il n'a aucune alchimie avec les comédiennes qui jouent à ses côtés. Les scènes sentimentales sont aussi chaleureuses que l'iceberg contre lequel le Titanic a buté (à moins que ce soit une façon pour le film de contourner la très puritaine censure de l'époque et de suggérer qu'en fait le vrai Cole Porter n'était pas attiré des masses par le beau sexe !!!). Et pour compléter le tout, les séquences musicales sont interminablement barbantes.
Même la pochette du DVD, que j'ai emprunté à ma médiathèque, ne cherche même pas à dissimuler que le film est très mauvais. Ce qui est, je crois, un cas unique dans les annales de la pochette de DVD...