Que s'est-il passé lors de cette nuit noire en Anatolie et la vérité se trouve t-elle au fond de l'un des gouffres qui tapissent, façon de parler, les sols de la région ? Le film de Özcan Alper vaut beaucoup pour ses somptueux paysages, noyés de brume ou non, et cela ne surprendra pas les amateurs du cinéma de Nuri Bilge Ceylan. Mais hormis ses qualités esthétiques, Nuit noire en Anatolie, après une entame alléchante, développe un récit qui s'effiloche de plus en plus, dissipant le mystère initial et se dirigeant vers un dénouement plus que prévisible. A ceci s'ajoute une double temporalité assez agaçante sur la longueur car les allers et retours persistants entre le présent et le passé cèdent à un certain systématisme, n'apportant plus rien à une intrigue dont a bien perçu les tenants et les aboutissants. On comprend assez vite que le film s'en prend au culte de la virilité en Turquie mais avec l'impression que c'est sans aller au fond des choses, ce qui pourrait s'entendre s'il faisait preuve de subtilité, ce qui n'est pas vraiment le cas. Le fond de l'histoire, il faut le dire, a déjà été vu sous d'autres latitudes et bien mieux narré. Frustrante finalement cette nuit en Anatolie, bien plus pâle que noire, hélas.