Nuits magiques, c'est vite dit. Ce que montre le film de Paolo Virzi en cet été 1990 de Coupe du monde de football en Italie, c'est la fin du "grand" cinéma italien, le crépuscule des vieux metteurs en scène, montrés au travail (Fellini) ou encore cités au détour d'une phrase (Scola, Antonioni). Réminiscences de la jeunesse de Virzi, qui est alors un jeune scénariste de 26 ans qui réalisera son premier long-métrage 4 ans plus tard ? Sans doute mais il n'y a rien dans le film sur le ton de Nous nous sommes tant aimés, le tableau est celui d'une satire pas spécialement bienveillante mais pas vraiment méchante non plus qui se déguise en faux polar pour aboutir à une sorte de chronique de moeurs brouillonne qui manque de personnalité. Nuits magiques est épuisant, confit dans une hystérie presque constante et incapable de mettre en valeur ses trois personnages principaux qui ressemblent à des archétypes et dont les aventures pour intégrer le milieu du cinéma italien sont tout sauf passionnantes car éclatées et sans ligne directrice claire. Hormis une poignée de scènes réussies, le film se dissout dans une agitation extrême où l'on cherche en vain quelques bribes d'humour, d'émotion ou de poésie. Les trois interprètes majeurs manquent de charisme tandis que Giancarlo Giannini surjoue un producteur proche du cliché ambulant. Quant à Jalil Lespert et Ornella Muti, ils ne sont que de passage et n'ont rien à défendre. A l'orée de la décennie 90, l'âge d'or du cinéma transalpin était terminé depuis un certain temps mais cela ne signifie pas qu'il est mort et enterré, comme il se dit trop souvent. Par exemple, le dernier Bellocchio, Le traître, montre même qu'il peut encore enthousiasmer, grâce à l'intelligence de son écriture et la puissance de mise en scène de l'un de ses derniers maîtres. Paolo Virzi, lui, a tout de l'artisan honnête, comme le montrent ses réalisations précédentes (Les opportunistes, Folles de joie ...) et il ne fallait pas attendre ici plus que ce qu'il peut offrir.