Difficile de croire que le même réalisateur est aux commandes du percutant "Il capitale umano" ("Les opportunistes") et de ce très brouillon "Notti magiche", titre qui renvoie au tube de Gianna Nannini et Edoardo Bennato, hymne officiel du Mondiale italien qui ouvre le film de Paolo Virzi.
En effet, le récit se déroule durant la Coupe du monde 1990, sans que cet élément n'apporte grand chose, simple prétexte narratif, au même titre que la structure vaguement policière du scénario, très peu exploitée si ce n'est au début et à la toute fin.
Sur le plan visuel, rien dans la mise en scène de Virzi ne nous donne l'impression d'évoluer dans les années 90 : la photo et les éclairages sont ceux du cinéma contemporain, tandis que la reconstitution (costumes, décors, accessoires...) s'avère trop neutre, trop timide. A un moment, un personnage exhibe un gros téléphone mobile, le premier disponible en Italie, et puis basta...
De toute façon, Virzi m'avait perdu dès la présentation de son trio de héros, apprentis scénaristes plongés brutalement dans le milieu du cinéma italien, véritables caricatures qui ne favorisent ni l'empathie, ni l'identification. Alors ok, on est dans la franche comédie au trait épais, mais dans ce cas il aurait fallu davantage de drôlerie, et surtout adapter le format, car les deux heures apparaissent bien longues dans ces conditions.
Ces personnages stéréotypés vont peu à peu s'éloigner des clichés, Virzi s'efforçant de les approfondir, de les humaniser (ainsi, on découvre tardivement la vie familiale complexe de Luciano, le macho blagueur), mais le mal est fait.
Dommage, car "Notti magiche" n'est pas dénué de qualités ni d'ambitions. Virzi montre la fin de l'âge d'or du cinéma italien, ce moment où les télévisions imposent leur vision et leurs méthodes de travail (le bataillon de scénaristes qui pondent des feuilletons au kilomètre), et où les vétérans de la belle époque refusent de passer le relais à la génération suivante.
Ce déclin est illustré notamment par le personnage du producteur véreux (Giancarlo Giannini), mais encore une fois, le trait manque de finesse pour convaincre.
A contrario, Roberto Herliztka signe une prestation remarquable en vieux sage sans illusions. Malgré un namedropping un peu fatigant (d'autant que certaines références demeurent opaques pour un non-italien), cette évocation de l'âge d'or du cinéma transalpin ne peut laisser indifférent. Certains dialogues ou situations s'avèrent drôles et percutants.
On ne passe donc pas un mauvais moment devant ces "Nuits magiques", d'autant que le film s'achève mieux qu'il n'avait commencé, mais cette comédie satirique demeure trop bavarde et trop maladroite pour emporter l'adhésion.