Puisque je n'ai pas trouvé ici de critique sur ce film pour l'instant, il faut bien que quelqu'un se dévoue. Attention, je dévoile les grandes lignes de l'intrigue.
En sortant de la séance, un autre a qualifié cette oeuvre de téléfilm, pour sa platitude visuelle, et s'interrogeant sur la nostalgie de la RAI pour le cinéma qu'elle a probablement contribué à enterrer.
En effet, on voit un personnage qui ressemble à un Dino Risi rachitique diriger un pool de scénaristes à l'oeuvre sur un feuilleton, ce qui constitue une intéressante mise en image de la transition du travail collaboratif des auteurs traditionnels du cinéma italien, vers le mode de production collégial des séries américaines.
Le tournage de La Voce della luna et la coupe mondiale de foot nous indiquent que le récit se déroule en 1989-1990.
De la manière la moins originale possible, nous découvrons ce monde en compagnie d'un trio de novices gagnants d'un concours de scénario, et qui vont l'un, érudit autodidacte et naif, se laisser arnaquer par un producteur en déroute, l'autre, fils d'ouvrier mort à la tâche et auteur d'un scénario "militant", laisser trahir son oeuvre par un ancien réalisateur engagé espérant relancer sa carrière, et l'une, féministe rebellée contre sa famille de la grande bourgeoisie, récolter les fruits amers de son incompréhension du milieu sexiste dans lequel elle espère évoluer.
La génération des scénaristes jamais séniles mais en bout de vie ("c'est écrit par un jeune - il a soixante ans"), échoue à passer le relais, le cinéma italien est déjà mort. Un scénario suffisamment riche, mais desservi par une réalisation sans inspiration, et qui échoue à accomplir ce qui est préconisé par le vieux réalisateur montré dans le film : montrer les défauts et le ridicule des personnages, mais leur garder notre sympathie et notre pitié. Or il manque au trio central de cette histoire la touche d'humanité qui empêcherait le film de tomber dans un rapide oubli - ils ne sont pas très drôles ni sympathiques!
Ce film destiné aux amateurs de l'âge d'or cinéma italien, se conclut en nous montrant qu'il n'y a plus de place pour le cinéma politique d'un Francesco Rosi, ni pour les évocations luxueuses d'un passé aristocratique de Visconti, mais laisse une étroite voie ouverte aux nouvelles luttes, en préconisant aux futurs auteurs de "Regarder par la fenêtre", et puiser leur inspiration dans le réel.