Si le sujet de l’égalité entre hommes et femmes au travail est à la mode, force est de constater que peu de films abordent le sujet. « Numero Une » apporte sa pierre à l’édifice avec Tonie Marshall aux commandes.
Pour développer ce thème central des inégalités, nous sommes plongés dans les arcanes du pouvoir et dans ses combats entre réseaux d’influences masculins et féminins, au moment ou un poste d’importance va se libérer.
Si aucune femme ne dirige une entreprise du CAC 40, ces femmes résolues comptent bien mettre un terme à cet état de fait. Malheureusement, les cercles féminins étant moins développés, et par conséquents, moins puissants, cela pose rapidement des problèmes d’éthiques : faut-il procéder en utilisant les même méthodes que les hommes ou bien parvenir à ses fins avec plus d’intégrité ?
Le scénario évite l’écueil du féminisme qui n’aurait vraiment pas servi le propos et offre, en contrepied, une touche résolument féminine et positive bienvenue.
Au lieu d’appuyer de façon manichéenne sur les mauvaises habitudes des hommes ainsi que sur les humiliations subies par les femmes dans leur travail, le film est truffé de passages malins qui suggèrent plus qu’ils ne soulignent.
Nous voyons par exemple la main du directeur se poser sur le genou de sa collaboratrice pour la féliciter, chose qu’il ne ferait pas si c’était un homme. Autre exemple de passage significatif et pertinent, Emmanuelle Devos regarde des photographies de portraits de collaborateurs majeurs sur les murs de l’entreprise, se sont tous des hommes !
Le duo Berry - Biolay fonctionne très bien à l’écran et nous livre, sans artifices, les moyens politiques et les stratégies mis en œuvre pour se maintenir sur les plus hautes marches du pouvoir, sans oublier les sacrifices que cela implique. Aussi repoussant qu’ils peuvent l’être -dans le combat menés avec des combines d’arrivistes-, ces hommes ne sont pourtant pas uniquement noirs ou blancs, ils peuvent aussi être touchants et humains.
Enfin, le film explore des raisons qui font que peu de femmes sont à des postes élevés, l’entourage peut avoir une influence négative (et pas uniquement la rivalité mari et épouse), les craintes de ne pas être à la hauteur et/ou de ne pas pouvoir résister aux nombreuses attaques des hommes déchus sont des craintes fondées.
Si la mise en scène est trop typée téléfilm, elle offre quand même de beaux passages, à l’image des tours de la défense filmées en tonalités bleues qui accentuent l’impression de gigantisme et d’enfermement/écrasement du monde du travail. Sans oublier les employés entassés dans des bâtiments qui sont teinté de symbolisme d’attributs masculin. La boucle est bouclée !