Numéro une est un film gris, pensif, triste. Les divagations d'une femme de pouvoir et dont la volonté de grimper les échelons n'est jamais clairement justifiée. Les errances des grands dirigeants, leurs petites magouilles, décrites sans humour et sans critique, sans mordant, la vie terne d'une femme en milieu masculin.
Il y a quelque chose d'irréel dans ce parcours professionnel : les ingénieurs sont rarement de bons politiques. Ils ont le sens du réel, ils jonglent avec. Cette femme, on ignorera tout le film ce qu'elle fait concrètement. Elle parle chinois et traverse des réunions sous l'alibi d'un carriérisme indolent. Le caractère du personnage est contradictoire : elle ne montre pas son désir et parvient sans effort, presque contre sa volonté, à se faire nommer responsable d'un groupe international.
Elle vit une vie de bourgeoise ennuyeuse : insomniaque, déconnectée, transparente.
Il aurait été bien plus intéressant d'en faire une sociopathe, comme il est démontré qu'il faut une nature peu émotive pour diriger ces entreprises gigantesques.
Mais non, elle est gentille, ne se fâche jamais vraiment, et tout le monde finit par prendre son parti.
Je n'ai pas aimé parce que je n'ai pas cru en ce personnage, parce que la description de ce monde était complaisante, parce que rien de ce qui était montré ne m'intéressait, et que tout sentait le cliché, l'imaginaire dans les couleurs délavées d'un ciel parisien.
Son mari est en colère, certes, mais bon, pas de violence, pas de vraies disputes. Ses enfants qu'elle voit peu ne lui disent rien. Son père la tacle gentiment, sans y croire. Rien ne se met en travers de sa route sinon de fausses intrigues auxquelles il est difficile de croire.