Vice de forme
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Il paraîtrait que quand on évoque le sexe, on se prend le cul, pas la tête. À en juger certaines notes que seul Lars à le don de faire partager, on dirait que certains innocents effarouchés se sont pas cassés le cul à se casser la tête. Moi, ça me prend la tête, et j'en ai plein le cul.
Non, Nymphomaniac n'est pas un vulgaire porno. Ce sexe crû tape à l’œil, bien qu'il puisse être dérangeant, ne sert qu'à appuyer le fond de l’œuvre, parsemé de multiples thèmes et réflexions, sous une certaine poésie. Si si, c'est vrai.
Techniquement, Lars von Trier est un des réalisateurs les plus brillants de sa génération, du moins autant qu'il est controversé. Le danois nous expose le portrait de ce personnage auto-diagnostiqué nymphomane de façon exemplaire, suite à une ouverture aussi belle et audacieuse que le projet lui-même.
Véritable fable d'apprentissage, l’œuvre de Lars est aussi riche en thèmes et réflexions , que la pomme de terre est riche en amidon.
Nous sommes évidemment aguiché par cet omniprésence du sexe. J'entend déjà les réfractaires crier au «m'as-tu vu malsain», or le cinéaste ne se prend pas dans son propre piège en embellissant la chose. C'est sobre et sans bavure, c'est beau et sale à la fois.
Le génie de von Trier se ressent dans les réflexions qu'il propose, et ça coule de partout comme une femme fontaine. Le témoignage de Joe devient rapidement un échange constructif, où s’entremêlent méditions sur l'amour, le sexe, la religion et une multitude de thèmes, mais surtout une introspection sur l'Homme avec un grand H.
De la femme à l'homme, c'est la condition de l'homme qui est mise en cause.
L'écriture de Lars fait mouche, car il maîtrise tous les domaines. Il est capable de nous faire réfléchir en nous faisant rire, avec cette nympho prête à tout pour combler ses pulsions, avec Seligman qu'est complètement décalé, ou encore la scène avec Uma Thurman qui fera sourire malgré elle, et le drame profond qu'elle cache : la rupture familiale.
Bien sûr, Nymphomaniac est avant tout un drame. Et je n'exagère pas en disant que le chapitre Délirium est l'un des passages cinématographiques qui m'a le plus bouleversé et marqué. Les failles de chaques personnages se creusent, et on souffre avec eux tellement que les acteurs semblent torturés par cette épreuve. Un chapitre en or émouvant extrêmement important où la nymphomanie se montre comme une véritable maladie.
Si tant de gens détestent ce film, c'est sans doute à cause de ses personnages antipathiques. Joe a beau se faire du mal à elle-même, c'est surtout les autres qu'elle blesse en satisfaisant ses pulsions. Jérôme ne vaut pas mieux. Alors que Seligman inspire surtout de la pitié. Psychologiquement peu attirants, il n'en demeure pas moins intéressant de se remettre en question, nous spectateurs, à travers ces gens qui souffrent, surtout à propos de Joe et de son problème, souvent fantasmé à tord.
Malgré quelques coïncidences provocatrices, Lars von Trier maîtrise parfaitement son scénario, à l'instar de son esthétique crade, et de son montage intelligent malgré la difficulté de gérer ses heures de flashbacks. Pas la peine de se prendre la tête, on a du cul d'avoir un chef d’œuvre qui joue aussi bien sur tous les tableaux.
Puis il paraît qu'au bout de certains temps d'abstinence, les spermatozoïdes subissent une dégénérescence. Ça tombe bien, j'ai joui de cette fresque fantasmagorique. Et je compte bien caresser la seconde partie. Tout de suite.
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Créée
le 28 janv. 2014
Modifiée
le 28 janv. 2014
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